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se vengea de ses plaisanteries par une douzaine d’anagrammes (voy. Saint-Louis). Vias avoua qu’il avait pris la liberté de se moquer du poëme admirable de la Madeleine ; mais il prétendit que la faute en était moins à lui qu’à la cuisinière, qui l’avait mis de mauvaise humeur en lui servant un détestable potage. Vias mourut à Marseille, en 1667, à l’âge de 80 ans. Son ca inet ut vendu par ses héritiers ; et ses manuscrits tombèrent entre les mains d’ignorants qui les qut laissé perdre. Il avait, beaucoup d’esprit et de acilité pour la poésie ; mais il a fait un emploi si fréquent de la fable. que son style en est quelquefois obscur. Outre une Oraimn funèbre de Henri IV, et quelques harangues, on a de lof : 1’ Hmrícza. Aix 1606, in-4° ; 2° Astmze apo ogia. ibid., 1609. in-4°. C’est un éloge en vers du fameux roman de d’Urfé (voy. ce nom). 3° Genialia Eralo, ubí prœcepta Chironís ad Ludovicum XIII. Paris, 1620, in-4° ; 11° Silvœ regiœ, quíbus selecti francorum annalium et politioris litteraturœ flores inxeruntur. Paris. 1623, in-à° ; 5° Panegyricus ad papam Urbanum octavum. Aix, 1628. in-li° ; 6° Rupella obsesso et erpeditio in Italiana, Aix, 1628 ; 7° ln Nicol.-Cl. Fabricíum de Peíresc epícedíon, Marseille, 1642, in-à°. Ce poème de quatre à cinq mille vers suffirait, suivant le P. Bougerel, pour assurer à l’auteur une place honorable sur notre Parnasse latin. 8’ Charùum libri tres, Paris, 1660. in-4% C’est un recueil d’idylles. Le frontispice est décoré du portrait de Vias, en médaillon, soutenu par les Grâces. On trouve à la in du volume une épître de Vias à la femme de Jean Barclay, qu’il avait reçue, en 1616, à son passage à Marseille ; et la réponse de Barclay, au nom de sa femme. Ces deux pièces avaient été imprimées séparément, à Paris. 1617, in-lv. Un des recueils de Peiresc, possédé par de Boze, contient des notes de Vias sur les monnaies turques, et une lettre curieuse sur cette matière. On sait qu’il avait entrepris. À la demande d’Urbain VIII, Ln Poème sur la découverte du nouveau monde et e nouveau. : astres ; mais on ignore s’il eut le temps de le terminer. Voyez l’Eloge de Vias, par Bougerel, dans les Mémoires pour servir à l’histoire de plusieurs hommes illustres de Provence, 17h-202. W—s.


VIAUD. Voyez Théophile.


VIBERT (Joseph-Victor), graveur, naquit à Paris le 17 septembre 1799 ; il était fils de Joseph Vibert, habile graveur en typographie, qui a puissamment contribué à la perfection des plus ïšmarqualiles éditiqns síorges dt ; chez Didot. Vibert se forma à l’école de Defresne, Pauque, Hersent et Richomme ; quand il entra dans l’atelier de ce dernier, il lui présenta une épreuve de sa première planche, la Leçon de la basse de viole, qu’il avait exécutée d’après Gaspard Nestcher, sous la direction de Pauquet. Rxchomme, en annonçant le nouveau venu à ses élèves, leur dit : « Voici un jeune homme qui sait très-bien son métier et qui vient ici apprendre son art. » Le jugement rendu par l’habile maître ne tarda pas à être confirmé. Car, dès 1828, le jeune Vibert remportait le grand prix de Rome sur une académie d’après nature. Ce fut durant son séjour en Italie, tandis qu’il dessinait au Vatican la Dispute sur le saint sacrement, dans la salle de la Signature, que Vibert fit la connaissance de Victor Orsel (voy. ce nom), connaissance qui ne tarda pas à se convertir en une étroite intimité entre les deux artistes et que la mort seule a pu briser. Le premier résultat de ces relations fut la modification radicale apportée parle graveur dans sa manière de procéder. Très-partisan jusqu’alors du coloris en gravure, il s’était ingénié à interpréter les diverses couleurs que contenait un tableau par des teintes plus ou moins intenses ; mais bientôt subjugué par cette puissance communicative qu’Orsel exerçait sur ceux qui l’approchaient et dont M. Ingres lui-même ne sut pas se défendre, Vibert finit par adopter le principe si souvent émis par Orsel : « Si j’étais graveur, j’éprouverais une grande jouissance d’artiste à remettre en honneur les doctrines de Marc Antoine, sans négliger toutefois les qualités d’harmonie et d’agrément. » Une fois convaincu, Vibert se conforma donc à ce programme, auquel il est resté toute sa vie fidèle. Vibert, ayant fini son temps comme pensionnaire, accepta a place de professeur de gravure à l’école de Lyon, qui lut avait été offerte sur la recommandation d’Orsel et de M. Perrin. Orsel venait d’exposer (1833) son tableau Le bien et le mal. Vibert, frappé des beautés qu’il renfermait, obtint de son ami la faveur de le reproduire par le burin, bien décidé cette fois « à ne plus voir dans les tailles qu’un moyen d’exprimer le plan perspectif et comme la coupe des objets qu’il avait à rendre ». C’est cette planche, terminée seulement en 1859, qui est l’œuvre capitale de Vibert et qui assure à son nom une réputation durable. On lui a reproché d’avoir employé vingt années pour achever cette œuvre ; mais qu’importe le temps pourvu que la production soit estimable ? Nous emprunterons à M. E. Cartier, l’appréciation suivante que nous trouvons très-juste : à La gravure du tableau d’Orsel présentait de grandes difficultés ; il fallait ramener à « l’unité dix sujets de proportions différentes « et une ornementation d encadrement très-compliquée. Le rapport de cette large bordure

« avec les deux principales scènes était un problème à résout lie. Maintenant que la solution « est trouvée, elle peut paraître facile, mais nous « croyons qu’elle a dû exiger beaucoup de recherches dont les hommes du métier sauront

« apprécier le mérite. Le dessin est d’une pureté « remarquable ; nous avons dit que le peintre « avait pu le diriger et le perfectionner lutméme. « Il est expressif et ferme sans dureté ; la loupe 36