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le plus d’influence sur les progrès de l’art. Il compte parmi ses élèves : Argius, Asopodore, Alexis, Aristide, Phrynon, Dinon, Athénodore, Daméas, le second Canacchus, et notamment Périclète, frère de Naucydés. Périclète devint le chef d’une école qui se perpétua d’un maître à l’autre jusqu’à la quatrième génération. C’est à l’école de Polyclète qu’appartenait Naucidès, soit qu’il fut élève de Périclète, soit qu’il eut appris son art de Polyclète lui-même. C’est de la même source que sortirent, à des degrés différents, Antiphane, le second Polyclète, Alype, Cléon de Sicyone et plusieurs autres maîtres. Lysippe doit aussi étre considéré comme appartenant à l’école de Polyclète, puisqu’il se forma par l’étude du Doryphore. Plutarque nous a transmis un mot de Polyclète qui renfermait pour ses élèves une importante leçon. « C’est, disait-il, lorsque l’argile « achève de s’étendre sous l’ongle que la tâche du sculpteur devient le plus difficile. » Nous voyons dans cet axiome qu’avant de sculpter ses figures, Polyclète formait un modèle par l’art de la plastique ; qu’il établissait d’abord un noyau allant du dessous au-dessus, des os à la peau des parties principales aux détails. Nous y voyons en outre que les fondements du style résident suivant Polyclète, dans les divisions des plans intérieurs. La plus grande difficulté se fait ressentir, suivant lui, dans les derniers travaux, attendu qu’il faut encore, en terminant les détails, maintenir l’ampleur des formes, qui constitue le premier élément du beau : associer la noblesse à la chaleur, le sentiment du grand à l’imitation du vrai. Les détails s’achèvent facilement si les masses ont été posées avec précision et avec fermeté. C’est le contraire si l’ouvrage pèche dans les formes intérieures. Pour bien finir une statue, il faut l’avoir bien commencée. Voilà pourquoi Cicéron disait : « Afin de rendre les détails simplement et avec noblesse, simpliciter et splendide, imitez Polyclète dès le commencement de votre travail. » De toutes les statues antiques découvertes jusqu’aujourd’hui, il n’en reste qu’une où l’on ait cru retrouver une copie d’un des ouvrages de Polyclète. Elle représente un jeune athlète attachant sur son front la bandelette qui est le signe de sa victoire. L’original aurait été par conséquent le Diadumène. Cette statue se voyait autrefois à Rome dans le jardin Farnèse ; elle a été transportée à Naples depuis. L’authenticité parait en être prouvée par sa conformité avec divers bas-reliefs antiques où le Diadumène est représenté, et accompagné d’inscriptions qui ne permettent pas de le méconnaître. Un de ces bas-reliefs existe à Rome dans le musée du Vatican (vestibule en rotonde). Visconti pensait que l’Apoxyomène, ou le personnage qui se frottait le corps avec un strigile, représentait Tydée se purifiant du meurtre de son frère. En admettant cette idée, on pourrait reconnaître des imitations

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de cette figure sur un grand nombre de pierres gravées. Mais si nous ne possédons aucune production originale de Polyclète, nous connaissons pleinement, per l’exemple des sculptures du Parthénon et par les deux Discoboles, le style de l’époque que ce grand maître a contribué à illustrer.

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POLYCLÈTE D’ARGOS ou POLYCLÈTE II, statuaire grec, fut élève de Naucydès. C’est ce que Pausanias dit expressément, en faisant remarquer que ce Polyclète, natif d’Argos, n’est pas celui qui a exécuté la statue colossale de Junon, Est-ce Polyclète l’ancien ? est-ce Polyclète II qu’il faut regarder comme l’auteur d’un des trépieds de bronze consacrés par les Lacédémoniens dans le temple d’Apollon, à Amyclès en mémoire de la bataille d’Ægos Potamos ? Le texte de Pausanias porte seulement Polyclète d’Argos ; mais il est vraisemblable qu’il s’agit de l’ancien, attendu qu’à l’époque de ce grand événement qui eut lieu la 4e année de la 93e olympiade, 405 ans avant J.-C., le second Polyclète ne pouvait être âgé au plus que de seize à dix-huit ans. Dans la 98e olympiade, cet artiste exécuta la statue d’Antipater de Millet, qui remporta le prix du pugilat : c’est Antipater lui-même qui la fit ériger. Polyclète accrut sa réputation par une statue de Jupiter Phileus ou de Jupiter protecteur de l’amitié, élevée à Mégalopolis à l’époque de la fondation de cette ville. On sait que la construction de Mégalopolis date de la 2e année de la 102e olympiade ou de l’an 371 avant J.-C. Les habitants de plusieurs petites villes de l’Arcadie abandonnèrent alors leur patrie et se réunirent pour fonder une grande ville capable de résister aux attaques des Lacédémoniens, leurs perpétuels ennemis. Ce fut sans doute en mémoire de l’attachement fraternel qui les avait rapprochés les uns des autres et afin de perpétuer chez leurs fils ce généreux sentiment qu’ils consacrèrent une statue au dieu de l’amitié. La composition de la figure fut conforme à cette pensée. Le dieu était chaussé d’un cothurne ; d’une main il tenait un thyrse, de l’autre, un vase à boire. « Jusque- « là, dit Pausanias, il ressemblait à Bacchus ; « mais un aigle était posé sur le thyrse et ce « symbole faisait reconnaître Jupiter. » L’intention de Polyclète se manifestait clairement dans ces signes réunis : car le thyrse et le vase à boire (c’est ainsi que Pausanias le nomme) étaient évidemment l’emblème des banquets, où des amis réunis boivent à la ronde, en s’exprimant leurs vœux pour leur commune prospérité, et l’aigle de Jupiter, au-dessus du thyrse, ennoblissait encore cette pensée, en mettant l’union des citoyens sous la protection du plus puissant, des dieux. Un autre ouvrage n’honora pas moins Polyclète : ce fut une statue de Jupiter Meilichius ou de Jupiter qui touche les âmes, de Jupiter Conciliateur, élevée dans la ville d’Argos. Cette statue était en marbre. Le fait à la suite duquel