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par des vapeurs de la flottille, remontèrent le Syr-Daria et prirent d’assaut la forteresse d’Akmetchet, faisant partie du khanat de Khokhand, et qui, remise en état, reçut le nom de fort Pérowsky. Comme résultat du relevé du Syr-Daria, fait alors avec soin, on acquit la conviction de sa navigabilité dans une longueur de six-cents kilomètres en le remontant dès son embouchure. Ce fleuve devint dès lors la limite de l’empire jusqu’au fort Pérowsky, sous le 45° latitude septentrionale. Une armée de 12 000 Kokhandiens assiégeant en décembre ce fort fut défaite parle commandant Agaryow, qui leur tua 2 000 soldats et enleva toute leur artillerie. Le khan de Khokhand dut reconnaître la suzeraineté de la Russie, qui, en 1857, a donné l’investiture à son successeur. En 1854 Pérowsky avait, à la tête de 17 000 hommes, fait une nouvelle expédition contre Khiva en particulier. Mais le khan Mohamed-Emin, tracassé aussi par les Persans d’Iran, n’attendit pas l’arrivée de Pérowsky ; il envoya au-devant de lui des ambassadeurs qui dans le camp russe conclurent un traité par lequel le khan reconnaissait comme son suzerain « le tout-puissant czar et lui accordait à perpétuité le droit de paix et de guerre, la juridiction de la vie et de la mort, ainsi que la détermination des routes et tarifs de commerce ». Tout cela se faisait pendant que l’attention de l’Europe était absorbée par le siège de Sébastopol. Les entreprises hardies de Pérowsky amenèrent en 1857 ’arrivée à St-Pétersbourg des ambassadeurs de Khokhand et Bokhara, quoique cette dernière puissance ait encore jusqu’à ce jour gardé son indépendance nomina e. Quant à l’homme qui avait été l’âme de ces progrès, ce fut là sa dernière action militaire. Élevé au rang de comte par Alexandre II et comblé d’honneurs et de distinctions, Pérowsky consentit, à la prière spéciale de l’empereur, à rester à son poste d’Orenbourg le temps nécessaire pour initier son successeur Katenin dans ses

plans et dans la meilleure méthode de les poursuivre. Brisé par des fatigues de vingt ans, il chercha dans les bains et sous le ciel doux de Crimée un remède à la maladie qui le minait depuis longtemps et qui l’emporta à l’âge de 64 ans.

PEROWSKY (Antoine), le troisième frère, romancier russe, né vers 1795 à Kharkov. Il s’est fait connaître comme auteur de romans et nouvelles sous le pseudonyme d’Antoine Pogolebsky. Un des plus intéressants porte le nom de Demoiselles élevées dans un couvent. Nous ne savons pas s’il vit encore.

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PERPENNA, général romain, d’une famille consulaire, quoique fier de sa naissance et de ses richesses, avait embrassé le parti de Marius ; et s’étant attaché à M. Em. Lepidus, qui essayait de relever en Italie une faction écrasée par Sylla, il devint son lieutenant. Lepidus, vaincu eux fois par Catulus, son collègue au consulat (voy. Catulus), se sauva avec le reste de ses troupes dans l’île de Sardaigne, et mourut peu après du chagrin que lui causaient les désordres de sa femme. Perpenna, qui lui succéda dans le commandement, recueillit alors les débris de l’armée et passa en Espagne, où Sertorius luttait avec succès contre les efforts des Romains. Il n’avait pas le projet de réunir ses forces à celles de Sertorius, qu’il méprisait à cause de son origine, et dont la réputation militaire lui portait ombrage ; mais, sur le bruit que Pompée était envoyé en Espagne, les soldats de Perpenna lui signifièrent de les conduire à Sertorius, sinon qu’ils iraient le joindre sans lui. L’orgueil de Perpenna fut vivement blessé : sacrifiant à sa vengeance les intérêts de son parti, il poussa la division dans le camp, et poussa hautement les soldats à commettre toutes sortes de désordres. Sertorius crut devoir employer la sévérité afin de rétablir la discipline ; et il se rendit odieux par l’abus qu’il fit de son autorité. Perpenna, profitant de la disposition des esprits, ourdit une conspiration à laquelle un grand nombre de jeunes Romains prirent part. La crainte qu’elle ne fût découverte lui fit hâter le moment fixé pour l’exécution. Il attendit Sertorius, qui venait d’offrir un sacrifice à l’occasion de la victoire d’un de ses lieutenants ; et l’ayant invité à un festin, il le fit assassiner lâchement par ses complices (voy. Sertorius). Ce crime révolta les soldats, qui, oubliant alors les défauts de Sertorius, ne se rappelèrent plus que ses grandes qualités. Perpenna vint cependant à bout de les apaiser ; mais il montra bientôt qu’il était aussi incapable de commander que d’obéir. Pompée lui ayant tendu une embuscade, il s’y précipita, fut entièrement défait, et resta prisonnier. Il espéra sauver sa vie en annonçant à Pompée qu’il avait trouvé dans les papiers de Sertorius des preuves que plusieurs sénateurs, et même des personnages consulaires, entretenaient avec lui des intelligences coupables ; mais Pompée, s’étant fait apporter tous les papiers de Sertorius, les fit brûler sans les lire, et donna l’ordre de tuer Perpenna (l’an de Rome 680, avant J.-C. 74). de peur qu’il n’occasionnât de nouveaux troubles dans Rome en y faisant connaître les complices de Sertorius.


PERPINIEN (Pierre-Jean), savant jésuite, naquit en 1530 à Elche, au royaume de Valence, où il fut instruit dans les lettres grecques et latines. Lorsqu’il eut atteint sa vingt-et-unième année, il entra dans la société de Jésus au mois de septembre 1551. Quatre ans après il fut envoyé en Portugal pour y professer l’éloquence, et il est le premier de sa société qui ait donné des leçons à Coïmbre. En 1565 il fut appelé à Lyon, où il commença à expliquer l’Écriture sainte dans le nouveau collége de la Trinité, le 3 octobre 1565, donnant ses leçons trois fois par semaine. Le P. de Colonia se trompe quand