122 planches ; - Traité de l’éclairage, Paris, 1827, in-8°. Entre autres travaux moins importants de ce savant, on peut distinguer la révision à laquelle il soumit, pour la partie chimique, la
traduction française, publiée en 1828, de l’ouvrage allemand de J.-Ch. Leuchs : Traité complet des propriétés, de la préparation et de l’emploi des matières tinctoriales et des couleurs.
PECQUET (Jean), célèbre anatomiste, naquit la
Dieppe vers le commencement du 17e siècle, et
mourut dans sa patrie en février 1674. Après avoir
achevé ses humanités dans sa province, il alla étudier la médecine à Montpellier, où il s’adonna avec autant de passion que de succès aux recherches
anatomiques. Ce fut pendant qu’il était encore
sur les bancs qu’il fit l’importante découverte,
qui l’a immortalisé, de la route que suit le chyle
élaboré dans le mésentère, et de son réservoir
connu sous le nom de réservoir de Pecquet. Voici
par quelle circonstance il fut conduit à ce résultat si remarquable en physiologie. En s’occupant de la dissection d’un gros chien, le jeune anatomiste reconnut dans la veine cave une poche ou sac lactescent ; et d’abord il prit la matière qui y était contenue pour du pus. Mais comme le sac veineux, de même que les parties dont
il était environné, était dans l’état le plus sain,
et que d’ailleurs cette humeur ne se remarquait
que dans la veine cave, Pecquet pensa que c’était
du chyle. Un examen attentif lu fit reconnaître
dans les vaisseaux capillaires des ouvertures
très-subtiles par où suinte l’humeur lactée. Cette
première investigation ne le conduisit pas plus
loin ; et il ne put déterminer la source d’où provenait ce liquide. Mais ayant eu l’occasion d’ouvrir un autre chien, Pecquet prit le soin de lui donner de la nourriture une heure avant l’opération : il eut alors le bonheur et la gloire de découvrir le tronc commun des vaisseaux lactés
et lymphatiques, qu’il vit monter le long d’un
côté de la colonne vertébrale, à côté de l’œsophage, jusqu’à la troisième vertèbre cervicale, et se terminer enfin dans la veine sous-clavière gauche. Pecquet, afin de constater quelle était la véritable fonction et quels étaient les rapports anatomiques de ce canal, y appliqua une ligature et eut la satisfaction de voir qu’au-dessous de cette ligature la liqueur étant retenue, le canal se tuméfiait ; et qu’au contraire, au-dessus, il se vidait par la raison contraire. Pecquet, ayant ensuite étudié avec un grand soin la marche des vaisseaux lymphatiques, constata, contre l’opinion reçue, que nul d’entre eux ne se vide dans le foie, ni ne le traverse, mais qu’ils ’se rendent tous dans un canal commun, rampant le long
des vertèbres lombaires, entre les capsules surrénales, et que de là le chyle se rend dans le
canal thoracique et dans la veine sous-clavière
gauche, qui a son tour se vide dans le cœur. Ces
diverses découvertes renversèrent complétement
la théorie d’après laquelle les physiologistes prétendaient, non sans quelque vraisemblance, vu
la grosseur du foie et son voisinage du mésentère,
que le sang se préparait dans le premier
de ces viscères. La découverte de Pecquet confirma
d’ailleurs la grande loi de la circulation du
sang démontrée par Harvey : celle-ci était niée,
combattue avec opiniâtreté ; mais une connaissance
aussi importante que celle de la marche
que suit le chyle pour se verser dans le torrent
de la circulation et la preuve que les vaisseaux
lymphatiques n’ont rien de commun avec le foie
rangèrent tous les physiologistes de l’avis de
l’immortel Harvey, dont, sans les travaux de
Pecquet, on eût longtemps encore contesté la
découverte ; dès lors la nouvelle doctrine triompha
de toutes les oppositions, malgré la puissance
de l’autorité de Ríolan, qui décria toujours
les découvertes d’Harvey. Devenu docteur en
médecine, Pecquet fut attiré à Dieppe par l’amour
de la patrie ; mais son génie eut besoin d’un
théâtre plus vaste : Paris fut ce théâtre. Là il se
lia aux travaux des plus habiles anatomistes ; et
profitant de leurs lumières, il se livra à des études approfondies afin de compléter ses recherches, que l’envie attribuait plutôt au hasard
qu’à une étude préméditée. Il composa des Mémoires
dans lesquels il expose ses découvertes
de la manière la plus brillante et la plus lucide,
et confondit ses détracteurs. Pecquet commit
néanmoins une erreur grave, ce fut d’établir
qu’une partie du fluide nutritif passe immédiatement dans les reins, ce qui, selon lui, explique la promptitude avec laquelle les boissons n’évacuent par ces organes dans la vessie. Cette hypothèse lui fut suggérée par le peu de distance
qui sépare le réservoir du chyle des capsules
surrénales. Ayant lié la veine-porte et les veines
pulmonaires, il observa que le sang circule réellement dans ces vaisseaux, et reconnut que la
progression de cette liqueur est imprimée par la
contraction des artères. Il s’occupa de l’anatomie
des diverses parties du corps, mais avec moins
d’éclat ; il intervint dans la controverse qui occupa les physiologistes français au sujet du siège de la faculté visuelle, et combattit le sentiment de Mariette, défendu par Claude Perrault. L’opinion de Pecquet était que la rétine est absolument nécessaire à l’accomplissement de la vision : c’était le sentiment de Keppler et de Scheiner. La théorie de la lumière et de la couleur, établie par l’immortel Newton, vint terminer la contestation. L’étude de l’anatomie et de la physiologie n’éloigna point Pecquet de la pratique de la médecine ; il fut même très-recherché dans le grand monde, où l’introduisit le ministre Fouquet, dont il était le médecin et l’ami. Le surintendant, dans ses loisirs, prenait plaisir à se faire expliquer par lui les plus importantes lois de la physiologie et de la physique. Pecquet fut nommé en 1666 membre de l’Académie des sciences lors de la fondation de cette illustre compagnie. À cette