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admiré au salon de 1781 et qui a été reproduit par la gravure. On y trouve un dessin correct, une couleur vraie, et surtout un excellent goût de l’antique. La mort prématurée d’Aubry arriva le 25 juillet 1780.


AUBRY (François), député à la convention nationale. né à Paris en 1750, était fils d’un négociant qui avait des propriétés au Théral, en Provence. Il entra fort jeune dans l’artillerie ; et il était parvenu au grade de capitaine, lorsqu’il quitta le service et vint habiter Nîmes. Ayant adopté les principes de la révolution, il fut nommé maire de cette ville en 1790, et, dans le mois de septembre 1792, député à la convention nationale par le département du Gard. Dès le commencement de la session, il fut envoyé eu mission à l’armée des Pyrénées, d’où il passa à Nice, et fit connaître à l’assemblée le désordre qui régnait dans la partie de l’équipement militaire. De retour dans le sein de la convention, il y vota la mort de Louis XVI, avec sursis jusqu’après l’acceptation de la constitution par le peuple. Le 7 février suivant, il combattit l’amalgame des troupes proposé par Dubois-Crancé, et demanda que le recrutement de l’armée eût lieu par la voie du sort. Le 5 août, il demanda, au nom du comité de la guerre, et obtint un décret qui mit toutes les cloches de France, a l’exception d’une seule par chaque paroisse, a la disposition du gouvernement. Ayant signé la protestation du 6 juin 1793 contre la journée du 31 mai, il fut un des soixante-treize députés mis en état d’arrestation. Réintégré dans ses fonctions aprés la chute de Robespierre, il acquit une grande influence dans les affaires de la guerre, et parut s’en occuper exclusivement. Le 25 février 1795, il fit rendre un décret sur les transports militaires. Ensuite il fit adopter un autre projet relatif à l’organisation du génie. Le 1er avril (15 germinal au 5) il entra au comité de salut public, où il remplaça Carnot dans la direction des opérations militaires, et prit en cette qualité une part très-active aux mesures qui occupaient les membres du gouvernement, jusqu’aux journées des 2 et 5 prairial (21 et 22 mai). Aubry fit décréter à cette époque la peine de mort contre quiconque battrait la générale, dirigea lui-même la force armée, et fit licencier la gendarmerie des tribunaux, comme entachée de terrorisme. Après la victoire, il fit mentionner honorablement le zèle des troupes, des citoyens, et nominativement la conduite du général Menou et de son état-major, qui avaient défendu la convention nationale. Aubry obtint ensuite une augmentation de paye pour les sous-officiers de toutes les armes et pour les matelots, ainsi que la formation d’un camp sous Paris, et la direction par trois représentants de toute la force armée. Il était chargé au comité de salut public du personnel de l’armée, et ce fut à lui que Bonaparte dut s’adresser, lorsqu’il vint à Paris pour être remis en activité. Mais toutes ses demandes furent inutiles ; Aubry ne consentit a lui donner un emploi que dans l’infanterie, ce qu’il refusa. Dans la séance du 1er août 1795, ce député eut à justifier ses opérations pour la réorganisation de l’armée, qu’on lui reprochait d’avoir remplie d’aristocrates, d’ex-nobles mis à la place des officiers qui avaient fait la guerre de la liberté, et dont il avait destitué un grand nombre comme terroristes. Le lendemain il sortit du comité de salut public. Peu de temps après il demanda que les deux tiers des conventionnels a réélire pour le prochain corps législatif fussent désignés par les assemblées électorales. Il s’opposa à ce que les militaires résidant à Paris s’assemblassent pour accepter la constitution, disant que ce pouvait être des déserteurs. À cette époque, Aubry, qui favorisait les sectionnaires de Paris contre la convention, fit tous ses efforts pour tenir les militaires éloignés de la capitale. À la suite des événements du 15 vendémiaire (5 octobre 1795), il fut plusieurs fois accusé de la désorganisation des armées. Directement interpellé sur les mauvais résultats du passage du Rhin, son arrestation fut prononcée à la séance du 22 octobre ; mais cette affaire n’eut pas de suite, et il entra au conseil des cinq-cents, peu de jours après. Le 2 juillet 1796, il lit un rapport sur les inconvénients de mettre les commissaires des guerres sous la dépendance des généraux, relativement à la partie des finances. Le 28 août il appuya dans un long discours l’amnistie générale proposée par Camus. On ordonna l’impression de ce discours, dans lequel, en convenant que la révolution avait été souillée d’une multitude de crimes contre lesquels, disait›il, et l’humanité se révolte, qu’une faction a tolérés et souvent « légalisés, » il demanda le rapport de la loi du 5 brumaire, qui interdisait les fonctions publiques aux parents d’émigrés. (Voy. Aymé.) Il présenta ensuite, au nom d’une commission, le mode @établissement des conseils de guerre. Son projet de code pénal militaire, adopté par le conseil, est encore en vigueur pour la plus grande partie. Lors de la scission entre le directoire et les conseils, Aubry se lit remarquer dans le parti dit de Clichy. Il présenta un projet tendant à augmenter la garde des conseils et à la mettre sous leurs ordres immédiats. Il dénonça ensuite l’arrivée prochaine de troupes dans les environs de Paris, au mépris de la loi touchant les limites constitutionnelles, et fit arrêter un message au directoire a ce sujet. À la séance du 7 août 1797, il fit un rapport contre les destitutions militaires prononcées arbitrairement par le pouvoir exécutif. Dans la discussion qui eut lieu à ce sujet, Talot lui reprocha d’avoir destitué, étant membre du comité de salut publie, les généraux Bonaparte et Masséna. Aubry réplique qu’il n’avait fait qu’exécuter la loi qui ordonnait des réductions ; et son projet contra les destitutions arbitraires fut converti en résolution, sauf quelques modifications. Entrainé dans la chute de son parti le 18 fructidor an 5 (1 septembre 1797), Aubry fut condamné à la déportation et embarqué à Rochefort. Il parvint à s’évader de la Guiane le 4 juin 1798, sur une pirogue, avec Pichegru et plusieurs autres déportés, qu’il suivit jusqu’à Demérary, où il tomba malade. N’ayant pu suivre ses compagnons d’infortune, il mourut dans cette colonie au commencement de 1799. C’était un homme actif et doué de quelques talents militaires. Il fut un des