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c’était au demandeur d’attaquer ; mais le bâton du gentilhomme était assez fort pour l’assommer d’un seul coup, ce qui l’obligea à courir çà et là à l’entour de lui pour en éviter la pesante chute ; mais enfin, tournant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il prit si bien son temps que finalement il se jeta d’un plein saut à la gorge de son ennemi, et s’y attacha si bien qu’il le renversa parmi le camp, et le contraignit a crier miséricorde et supplier le roi de lui ôter cette bête, et qu’il dirait tout. Sur quoi les escortes du camp retirèrent le chien, et les juges s’étant approchés par le commandement du roi, il confesse devant tous qu’il avait tué son compagnon, sans qu’il y eût personne qui l’eût pu voir que ce chien, duquel il se confessait vaincu… l’histoire de ce chien, outre les honorables vestiges peintes de sa victoire qui paraissent encore à Montargis, a été recommandée à la postérité par plusieurs auteurs, et singulièrement par Julius Scaliger, en son livre contre Cardan, exerc. 202. J’oubliais de dire que le combat du chien fut fait dans l’île Notre-Dame. Ce duel, ajoute Montfaucon, se fit l’an 1371. Le meurtrier était réellement le chevalier Macaire, et la victime s’appelait Aubry de Montdidier ; Macaire fut envoyé au gibet, suivant les mémoires envoyés de Montargis. »

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AUBRY DU BOUCHET, né a la Ferté-Milon vers 1710, était commissaire terrier avant la révolution, et fut nommé député aux états généraux de 1789 par le tiers état du bailliage de Villers-Cotterets. Il vota constamment dans cette assemblée avec la majorité et pour toutes les innovations révolutionnaires. Ne s’occupant guère, du reste, que d’objets relatifs a sa profession, c’est-à-dire de division de territoire et de questions sur les finances, il proposa, dès les premières séances, une nouvelle division géographique de la France, et se réunit ensuite a Mirabeau pour faire adopter celle qui fut présentée par ce député. L’assemblée adjoignit au comité qui fut chargé de cette opération. Aubry fut aussi membre du comité des finances. Il demanda, dès le 11 octobre 1789, l’établissement d’un cadastre général pour asseoir l’impôt foncier. Ainsi, c'est a lui qu’est due la première idée de cette grande entreprise. Son projet fut imprimé en 1790, par ordre de l’assemblée, sous le titre de Cadastre général de la France. Aubry du Bouchet se retira ensuite dans sa patrie, et il y mourut peu de temps après la session. — Charles-Louis Aubry, frère du précédent, et, comme lui, commissaire terrier, naquit la la Ferté-Milon en 1746, et mourut à Paris en 1817. Lorsque la révolution lui cul fait perdre son état, il vint dans la capitale, et s’y livra d’abord à différentes entreprises qui eurent peu de succès. Il établit ensuite une maison de librairie, où il vendait spécialement des livres relatifs à sa profession, et surtout ceux qu’il composait lui-même ; ce qui fut loin de l’enrichir. Les principaux sont : 1° les Terriers rendus perpétuels, ou véritable mécanisme de leur confection, 6 cahiers in-fol., 1785-87. 2° Mémoires sur différentes questions de la science des constructions publiques et économiques, qui ont remporté les prix des académies de Toulouse et de Bourg, Paris, 1791, in-l°, avec 1 planches ; recueil estimé. 5* Correspondance du libraire, ou Aperçu bibliographique, 1792 et années suiv., 5 vol. in-8°. 1° Métrologie universelle, ou transformation générale des poids et mesures et monnaies de tous les pays par le moyen du comparateur, Paris, 1790, in-8°. 5° Cours public en quatre leçons sur l’application du calcul décimal de toutes les opérations de finances, Paris, 1800, in-12. 6° Manuel du transformateur, ou Tables centimales pour la transformation des anciennes mesures de la France en nouvelles, et des nouvelles en anciennes, Paris, 1801, in-8°. 7° Nouvelle manière de coter le change et les effets publics, Paris, 1801, in-8°.

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AUBRY (Philippe-Charles), né à Versailles, le 8 février 1744, de parents peu riches, fit ses études au collège de cette ville, où l’éducation était gratuite. Ses progrès furent rapides. Il s’adonna ensuite à l’étude des langues vivantes, et parvint à en posséder plusieurs. On lui doit la première traduction française des Passions du jeune Werther, qui eut plusieurs éditions[1]. On lui doit encore l’Esprit d’Addison, dans lequel il a inséré les plus beaux morceaux de cet auteur, tirés du Spectateur, du Tuteur et du Babillard. Aubry a fait en outre plusieurs traductions de différents ouvrages et composé des vers latins et français qui ne sont pas sans mérite. Pourvu d’un emploi au ministère de la marine, il fut compris dans une suppression, en 1708, et revint à Versailles, où, toujours modeste et peu propre à solliciter, il n’eut d’autres ressources pour subsister et pour élever ses deux fils que de se faire maître de langues. Aubry mourut dans sa ville natale, le 23 mai 1812.


AUBRY (Étienne), frère du précédent, naquit à Versailles, le 10 janvier 1745. Ayant, dans sa jeunesse, copié beaucoup de portraits à la surintendance des bâtiments du roi, il embrassa ce genre, s’y perfectionna, et fut reçu à l’académie de peinture en 1774. Pour donner plus d’essor à son talent, il peignit, a l’exemple de Greuze, des scènes pathétiques et morales, prises dans la vie domestique. Le Mariage interrompu lui fit beaucoup d’honneur, en 1777. Décide ensuite à traiter des sujets historiques, il était allé à Rome sous les auspices du comte d’Angiviller. On prétend qu’il emportait dans son cœur un trait qui le conduisit au tombeau. Malgré le chagrin, poison destructeur de tous les talents, il continua de perfectionner les siens, comme on le voit dans une œuvre posthume de son pinceau, Adieux de Coriolan à sa femme, tableau justement

  1. La première édition, qui parut en 1777, Manhein (Paris). in-4°, portait le titre de Passions du jeune Werther et le nom d’Aubry. On a reproché à l’auteur l’inexactitude du titre, et Barbier attribue la traduction au comte de Schmettau. Mais la belle édition de cet ouvrage, que Didot jeune a donnée, Paris, 1797. 8 vol, in-8°, fig., n’a d’autre titre que Werther, traduit, etc., par C. Aubry. Ce traducteur, dans sa préface, parle des éditions précédentes, ainsi que des nombreuses contrefaçons. De ce fait et de son caractère connu. on peut inférer : 1° qu’il est bien le véritable auteur de la traduction ; 2’ qu’il est aussi l’auteur du Pétrarque français, par P.-C. A***, Tours et Paris. 1799, in-8°, cité par Barbier.
    A-t.