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de son Optique ; il était en correspondance avec lui. Arlaud revint à Genève sur la fin de sa vie, avec une fortune considérable, et il mourut dans cette ville, en 1746. Il légua à la bibliothèque plusieurs médailles en or et en argent, de beaux tableaux, d’amples recueils d’estampes, et plusieurs livres de prix. — Benoît Arlaud, frère du précédent, s’établit en Angleterre, et y mourut en 1719. On a de lui le portrait de Shakspeare, gravé par Duchange.- Louis-Amé Arlaud, leur neveu, a fait des peintures en miniature bien supérieures a celles qui rendirent Jacques-Antoine si célèbre. A. B-t.


ARLINGTON (Henri, comte d’). Voyez Bennet.


ARLOTTI (Rodolphe), poëte italien, né à Reggio, en Lombardie, florissait vers 1590. Après avoir pris à Ferrare le degré de docteur en droit civil et en droit canon, il résida pendant plusieurs années, au nom de sa patrie, auprès du duc Alphonse II, et fut secrétaire du cardinal Alexandre d’Est. Son goût pour les lettres, et ses talents pour la poésie, le lièrent d’amitié avec plusieurs hommes célèbres, tels que le Tasse, Guarini, etc. Ses productions sont répandues dans plusieurs recueils du temps. Il avait commencé un poëme en octaves, sur la conquête de Grenade par le roi Ferdinand de Castille ; sujet traité depuis, avec succès, par le Graziani. Arlotti a aussi laissé imparfaite une tragédie, dont Jean Guasco a publié la première scène dans le 3e livre de son Histoire littéraire de Reggio ; il y a de plus inséré, liv. 4, p. 191, douze lettres du même auteur, écrites avec goût, et d’un très-bon style. G-é.


ARLOTTO MAINARDO, Florentin, piovano, ou curé d’une paroisse de l’évêché de Fiésole, mort en 1483, à 87 ans, se rendit célèbre par ses bons mots et ses facéties, dont le recueil fut publié après sa mort, sous ce titre : Facesie piaccooli, fabule e motti del Piovano Arlotto, prete fiorentino, Venise, 1520, in-8o, édition plus complète que toutes celles qui ont paru depuis. Le piovano Arlotto parait être un personnage idéal, ou de fantaisie ; ce fut cependant un très-réel, très-bon, mais très-joyeux curé. Jean Mainardo, son père, était originaire du canton de Mugello ; l’enfant, né à Florence, le 25 décembre 1395, ne reçut au baptême d’autre nom que celui d’Arlotto, qui signifie proprement un homme grossier, malpropre et glouton. Arlotto fit pourtant de bonnes études ; il fut ensuite, pendant quelques années, ouvrier en laine, ce qui était alors un assez bon état à Florence ; mais enfin il prit l’habit ecclésiastique, et se fit prêtre à vingt-huit ans. Il obtint d’abord une chapellenie du dôme de Florence, et ensuite la cure de St-Cresci di Maciuoli, dans l’évêché de Fiésole, qu’il garda presque toute sa vie. Il y fit beaucoup de bien, et commença par faire rebâtir à ses frais l’église, qui tombait en ruines. Les curés n’étaient pas alors obligés à une résidence continue ; car notre Arlotto voyagea beaucoup : il alla en Flandre jusqu’à neuf fois, passa en Angleterre, où il fut présenté au roi Édouard, qu’il amusa par ses plaisanteries, et qui l’en récompensa par de riches présents. Dans un autre voyage qu’il fit à Naples, sur les galères de Florence, il en obtint autant, et par les mêmes moyens, du roi Alphonse, et autant encore en Provence, du roi René d’Anjou. Chacun le recherchait, et sa bonne humeur, accompagnée de beaucoup de bon sens, le rendait agréable à tout le monde. À la cour, à la ville, en campagne, il était partout le même : il tint, pendant quelque temps, maison a Florence, et il ne se passait point de jour qu’il ne circulât dans la ville quelques-uns de ses bons mots. Parvenu à une extrême vieillesse, et seulement un an avant sa mort, il résigna son bénéfice entre les mains du chapitre de Florence. Il fut enterré dans un tombeau qu’il avait fait construire, et sur lequel il avait fait graver une inscription italienne, qui voulait dire : Le curé Arlotto a fait construire ce tombeau pour lui-même, et pour ceux qui voudront s’y loger avec lui. Le premier des bons mots qui composent son recueil peut faire juger des autres. Il raconte que, l’archevêque de Florence lui ayant demandé quel nom il avait reçu au baptême, il lui répondit : « Arlotto. — Quel singulier nom ! reprit l’archevêque. Comment votre père, qui était un homme d’esprit, a-t-il fait la sottise de vous le donner ? — Ne vous en étonnez pas, monseigneur, il en a fait de bien plus grandes. — Quelles sont ces autres sottises !— En voici une : Quand il pouvait prêter a usure, il y empruntait. — Eh ! ne savez-vous pas que de prêter à usure l’aurait fait aller en enfer ? — Fort bien, mais d’emprunter l’a fait aller en prison pour dettes, et il y est mort » Les deux plus anciennes éditions de ses facéties, après la première citée ci-dessus, sont celles de Milan, 1523, et Venise, 1525, toutes deux in-8o. Il y en a de plus une sans date et sans nom de lieu, in-4o, qui est à peu près du même temps : ce sont les plus rares. Dans l’édition de Venise, 1538, et dans la plupart des suivantes, que l’on cite, les bons mots d’Arlotto sont joints a ceux de Gonella et de quelques autres. On a publié en français : Patron de l’honnête raillerie, contenant les brocards, bons mots, agréables tours et plaisantes rencontres du piovano Arlotto, Paris, 1650, petit in-8o. G-é.


ARLUNO (Bernadin), noble milanais, florissait au commencement du 16e siècle. Après avoir étudié la jurisprudence, d’abord à Pavie, puis à Padoue, où il fut reçu docteur, il retourna à Milan, où il fut agrégé au collége des jurisconsultes, depuis 1507 jusqu’en 1535. On a de lui : 1° de Bello Veneto libri 6, ab anno 1500 ad 1516, imprimé dans le Thesaurus Antiquit. Italiæ, t. 5, p. 4, Leyde, in-fo3. Pierre Burmann, dans la préface qui se trouve t. 1, part. 1re du Thesaurus, fait l’éloge de cette histoire ; il la trouve exacte, véridique et surtout bien écrite. Il ajoute seulement qu’Arluno y étale trop d’érudition, qu’il parle souvent moins en historien qu’en poète, et qu’il a trop facilement foi aux prodiges. 2° Historia patriæ, 3 vol. in-fol. Cette histoire de Milan commence depuis la fondation de cette ville jusqu’au temps où vivait l’auteur. L’impression fut commencée à Bâle, par Jean Oporin ; mais, ayant été interrompue, sans qu’on en sache le motif, elle n’a pas été reprise. Le manuscrit est conservé à Mi-