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mystérieuse. Le prêtre, ayant mis sur la sainte table le pain et le vin, fait sa prière ; à son invocation, le Saint-Esprit descendant sur l’offrande, transforme par le feu de sa divinité, le pain et le vin dans le corps et le sang de Jésus-Christ. » Théodore est appelé épiseopus Kararôn ou Cararum. On ne sait si c’est Carie en Palestine ou Charon en Mésopotamie, ou Carie en Asie Mineure (voy. Abacora, Ignace et Photius). G—y.

THÉODORE (Santabaren), imposteur célèbre par ses relations avec l’hérésiarque Photius et les empereurs d’0rient, Basile Ier et Léon VI. Elevé à Constantinople dans le monastère de Stude, il fut fait évêque par Photius (voyez ce nom). A l’époque de sa première intrusion sur le siége patriarcal de Constantinople, son protecteur ayant été chassé, Théodore lui conseilla, dit-on, de faire prendre à l’empereur des breuvages préparés par ses enchantements, afin de changer en amitié la haine que l’on avait inspirée à ce prince contre Photius. Quoi qu’il en soit, celui-ci ayant réussi vers l’an 878 à s’insinuer de nouveau près de Basile, recommanda Théodore au prince comme un religieux d’une science, d’une sainteté extraordinaire, et qui possédait même le don de prophétie. L’empereur voulut le voir et, en peu de temps, il gagna si complétement ses bonnes grâces, que le prince voulut l’avoir constamment auprès de lui. (Voy. Basile, t. III, p. 479.) Se fiant sur cette faveur, Théodore engagea l’empereur à chasser le patriarche Ignace (Voyez ce nom) et à mettre de nouveau Photius sur le siége patriarcal. Cette première tentative n’ayant point réussi, Photius, quoique déposé par un concile général, reprit, de concert avec Théodore, ses fonctions épiscopales qu’il exerça publiquement. Saint Ignace étant mort de vieillesse, peu de temps après, Photius remonta aussitôt sur son siége, et, afin de récompenser les bons offices que Théodore lui avait rendus, il lui promit tous les évêchés qui seraient à sa convenance dans les environs de Constantinople. On commença par le siége archiépiscopal d’Euchaïte que l’on ôta par force à l’évêque titulaire ; et on continua en venant à d’autres églises que Théodore désignait et dont Photius l’investissait au mépris des canons. Ainsi chargé d’évêchés, Théodore fut nommé protothrone ou évêque du premier siége dépendant du patriarche, qui, dans les cérémonies, le faisait asseoir près de son trône patriarcal. Peu après, l’empereur Basile ayant perdu presque subitement son fils aîné, Constantin, qu’il avait fait couronner empereur, et les catholiques disant hautement que cette mort était une punition du ciel, qui voulait venger les crimes commis par Photius et Théodore, ces deux intrigants recoururent à leurs supercheries ordinaires ; ils osèrent mettre Constantin au nombre des saints, consacrer, sous l’invocation de son nom, des églises, des monastères, et Théodore réussit même, à ce que l’on assure, à faire paraître à l’empereur, comme il traversait une forêt, un fantôme à cheval, revêtu d’or, qui disparut aussitôt que ce prince l’eut embrassé, le prenant pour son fils. Théodore prit une part très-active au faux concile, qui fut tenu, en 879, à Constantinople pour le rétablissement de Photius. Après la mort de Constantin, les affections et les espé-