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tes les occasions de rendre son rival odieux, il acheva enfin de soulever contre lui l’indignation des Romains, en lisant publiquement le testament dans lequel l’amant de Cléopâtre reconnaissait pour héritiers les fils qu’il avait eus de cette princesse. Profitant de la disposition des esprits, Octave fit déclarer la guerre à la reine d’Égypte ; et, après avoir levé des forces considérables, de terre et de mer, il s’avança vers le golfe d’Ambracie, rencontra la flotte d’Antoine à Actium, et, secondé par son amiral Agrippa, remporta une victoire qui le rendit maître du monde romain. Il poursuivit son rival en Égypte, et termina la guerre, se moquant, avec sa froideur ordinaire, de la proposition que lui fit Antoine, de terminer leurs différends par un combat singulier, en disant qu’il pouvait trouver un autre moyen de mourir. Après la mort d’Antoine et de Cléopâtre, il leur fit faire de magnifiques funérailles. Un fils, que son compétiteur avait eu de Fulvie, n’en fut pas moins immolé à sa vengeance ou à sa sûreté ; un enfant, appelé Césarion, que Cléopâtre, disait-on, avait eu de César, subit le même sort ; Octave reçut ensuite en faveur le reste de la famille d’Antoine, et n’usa plus de ses succès qu’avec modération. Il resta deux années dans l’Orient, pendant lesquelles il arrangea toutes les affaires de l’Égypte, de la Grèce, de la Syrie, de l’Asie mineure et des îles. De retour à Rome, il triompha pendant trois jours de suite, avec une grande pompe. Délivré de ses rivaux et de ses ennemis, et maître de l’univers, il eut, dit-on, quelque peine à se décider sur le mode de son autorité future ; Agrippa, qui l’avait élevé à l’empire par ses victoires, lui conseilla d’y renoncer ; Mécène, qui n’avait point eu de part à ses conquêtes, était d’avis qu’il les mît à profit ; il suivit l’avis de Mécène, ou plutôt sa propre inclination, et, fidèle à la politique qu’il avait toujours montrée, il chercha à inspirer au peuple et au sénat le désir de le voir maître absolu de l’empire ; il abolit les lois du triumvirat, embellit la ville, et s’occupa de réformer les abus nés au milieu des guerres civiles. A la fin de son 7e consulat, vingt-sept ans avant J.-C., dans la 36e année de son âge, il se rendit au sénat, et, dans un discours étudié, proposa d’abdiquer la puissance. Le sénat admira sa modération, et le conjura de garder l’empire. Ce fut alors, disent les historiens, une contestation de civilités qui aboutirent à une satisfaction commune ; car Octave continua à gouverner l’empire par le sénat, et le sénat se gouverna toujours par Octave. Il reçut alors un nom qui exprimait la dignité de sa personne et de son rang ; et ce nom fut celui d’Auguste. Auguste réunissait en lui le pouvoir, 1o d’imperator ou empereur, dont la signification fut étendue, et qui le constituait commandant en chef de toutes les forces de terre et de mer, l’arbitre de la paix et de la guerre ; 2o de proconsul, que lui donnait une suprématie légale sur toutes les provinces qu’il pouvait visiter ; 3o de tribun perpétuel, qui rendait sa personne inviolable, et qui lui donnait le droit de s’opposer à tous les actes publics ; 4o de censeur ou surveillant des mœurs ; 5o de souverain pontife ou de chef de la religion. Il avait de plus une dispense d’observer les lois, suivant sa volonté. A toutes ces prérogatives, on ajouta le titre vénérable de père de la patrie, qui semblait faire considérer son peuple, ou plutôt le genre humain, comme sa famille. Cependant, tous ces pouvoirs, tous ces honneurs, ne lui furent pas conférés à la fois, et ne se trouvèrent réunis sur sa tête qu’après un