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y étudier le dessin et la peinture. Devenu très-habile à peindre le portrait en miniature, il vivait honorablement du produit de cet art. En 1789, M. Gigot d’Orcy, receveur-général des finances, connu par son goût pour l’histoire naturelle, et par la magnificence avec laquelle il contribuait à ses progrès, ayant eu l’occasion de juger des talents d’Audebert, l’employa pour peindre les objets les plus rares de son immense collection, et l’envoya ensuite en Angleterre et en Hollande, d’où il rapporta de nombreux dessins, qui servirent à l’Histoire des insectes, de M. Olivier, aujourd’hui membre de l’institut. Ces occupations déterminèrent le goût d’Audebert pour l’histoire naturelle, et bientôt ce goût devint une passion. Voulant n’être plus asservi aux idées d’autrui, il entreprit des ouvrages qui l’ont à jamais illustré. Le premier est l’Histoire naturelle des Singes, des Makis et des Galéopithèques, 1 vol. gr. in-fol., figures imprimées en couleur, Paris, 1800, contenant 62 planches. Cet ouvrage fit une vive sensation parmi les naturalistes. L’auteur, réunissant les qualités de peintre, de graveur et d’écrivain, sut faire marcher de front ces trois parties, avec un accord parfait, et jusqu’alors sans exemple. Naturellement industrieux et adroit, il étudia tous les procédés de la gravure, et les tentatives qu’on avait faites pour lui donner les couleurs, si utiles dans l’histoire naturelle. Le moyen le plus ingénieux qu’on eût imaginé, était d’avoir, pour une seule épreuve, autant de planches que l’on employait de couleurs différentes. Audebert sut appliquer sur la planche même les couleurs qui conviennent à chaque partie, en sorte que l’on y faisait une espèce de peinture. Un passage des Mémoires pour servir à l’Histoire des Plantes, par Dodart, publiés en 1679, peut faire croire que ce moyen était connu à cette époque. Audebert donna bientôt à cet art toute la perfection dont il était susceptible : ce fut en employant des couleurs à l’huile, plus solides et plus durables que les couleurs à l’eau, qu’on employait auparavant. De plus, il réussit à y imprimer de l’or, dont il varia les couleurs de manière à imiter les plus brillants effets de ses modèles. Cet art une fois créé, l’histoire naturelle s’enrichit de ses produits ; ils étonnèrent par leur magnificence. Audebert publia l’Histoire des Colibris, des Oiseaux-Mouches, des Jacamars et des Promerops, 1 vol. gr. in-fol., Paris, 1802. Cet ouvrage est regardé comme le plus parfait qui ait jamais paru en ce genre. Audebert, non content d’imiter fidèlement les couleurs, surpassa tous ceux qui l’avaient précédé, par l’esprit avec lequel il saisit l’expression de ces oiseaux, auxquels il donna, pour ainsi dire, la vie ; il descendit aux plus petits détails. Les descriptions dont il est lui-même l’auteur, sont dignes de l’ouvrage. Il voulut aussi que la magnificence de la typographie concourût à la perfection de ce beau monument ; mais un tel livre, ne pouvant convenir qu’à des souverains, ou à de riches amateurs, on n’en tira que 200 exemplaires, grand in-fol., dont la lettre au bas de chaque figure est en or ; plus, 100 exemplaires très-grand in-4º et 15 seulement grand in-fol., dont tout le texte est imprimé en or, non pas en lettres dorées au pinceau, mais ce fut en appliquant à la typographie le procédé qu’il avait découvert pour la gravure ; un exemplaire sur vélin, avec les dessins originaux, appartient à l’éditeur, M. Desray. Cet ouvrage était à peine commencé, qu’Audebert en méditait d’autres ; il voulait com-