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naturelle, 1783, in-8º. Toutes les objections des philosophes sont rassemblées dans ce volume, et sont réfutées séparément. Riballier le censeur, l’abbé Bergier, d’Alembert et Lalande ont fait l’éloge de cet ouvrage. L’abbé Guinot, auteur des Leçons philosophiques, en fit cependant la critique ; et, pour sa défense, Aubry publia ses Lettres critiques sur plusieurs questions de la métaphysique moderne ; IV. Leçons métaphysiques à un milord incrédule sur l’existence et la nature de Dieu, 1790 ; V. Questions aux philosophes du jour, sur l’ame et la matière, 1791 ; VI. l’Anti-Condillac, ou Harangue aux idéologues modernes, 1801 ; VII. Nouvelle Théorie des êtres, 1804. Le Journal des Débats ayant maltraité cet ouvrage, l’auteur publia son Aubade, ou Lettres apologétiques et critiques à MM. Geoffroy et Mongin. VIII. Le nouveau Mentor, 1807, ouvrage contenant des notions courtes et claires sur les sciences, les belles-lettres et les beaux-arts. A.B—t.


AUBUSSON (Pierre d’), grand-maître de l’ordre de St.-Jean de Jérusalem, naquit en 1423 ; il descendait, par son père, des anciens vicomtes de la Marche, et, par sa mère, il était allié aux rois d’Angleterre. Presque au sortir de l’enfance, il porta les armes dans la Hongrie, alors déplorable théâtre des ravages des Othomans ; et, à peine âgé de vingt ans, il mérita, par sa prudence et son intrépidité, d’être distingué de Sigismond de Luxembourg, alors empereur d’Allemagne, sous les drapeaux duquel il était venu se ranger. Des apparences de guerre entre l’Angleterre et la France le rappelèrent dans sa patrie. Au milieu du tumulte des camps et dans les intervalles de repos, il s’était livré à l’étude de la géographie, de l’histoire et des mathématiques. Son esprit était aussi formé que son jugement, et sa réputation répondait à sa naissance et à son instruction, lorsque son cousin Jean d’Aubusson, chambellan du roi Charles VII, le présenta à la cour. Il ne tarda pas à gagner les bonnes grâces du dauphin, qui régna depuis sous le nom de Louis XI. D’Aubusson l’accompagna au siége de Montereau, en 1447 ; et, s’il ne put pas empêcher le scandale d’un fils révolté contre son père, du moins la sagesse de ses conseils disposa le jeune prince à un prompt retour. D’Aubusson suivit le dauphin dans son expédition contre les Suisses, en 1444, à l’attaque de Bâle, et au combat de Saint-Jacques. Un assez long repos succéda à ces guerres d’une importance secondaire. D’Aubusson, indigné de l’oisiveté, et animé par les nobles exemples de Huniade et de Scunlerby, dont il partageait la haine contre l’ennemi du nom chrétien, conçut l’idée de se rendre à Rhodes, et d’entrer dans l’illustre et religieuse milice dont la vocation était de poursuivre et de combattre sans relâche les musulmans. Il obtint bientôt, par sa conduite, une commanderie, et le grand-maître de Milly l’envoya ambassadeur en France pour obtenir des secours contre les infidèles. Il négocia si habilement et avec tant de succès, que Charles VII, en refusant d’entrer publiquement dans la ligue contre les Othomans, permit qu’on levât des décimes sur tout le clergé pour subvenir aux frais de la guerre, et fit donner à d’Aubusson 16,000 écus d’or. Le succès de sa négociation ne fit qu’ajouter à la haute idée de ses talents, et à la bienveillance de l’ordre. Né Français, il soutenait avec fermeté les prérogatives de sa nation, et son noble caractère se développa dans les conseils de Rho-