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1654, 1655, 1659. Cette dernière édition est augmentée d’une lettre d’Ariste à Cléonte, contenant l’apologie de l’Histoire du temps. VI. Essais d’éloquence : il n’y a qu’un tome d’imprimé ; VII. Discours au roi, sur l’établissement d’une seconde Académie dans sa ville de Paris, 1664, in-4º. L’abbé d’Aubignac, qui rassemblait chez lui un certain nombre de beaux esprits, demandait le titre d’académie royale pour cette société. Malgré la protection du dauphin, ce Discours ne produisit aucun effet. Aucun des ouvrages de l’abbé d’Aubignac n’est lu aujourd’hui, malgré ce jugement de Chapelain : « C’est un esprit tout de feu, qui se jette à tout, et qui se tire de tout, sinon à la perfection, au moins en sorte qu’il y a plus lieu de le louer que de le blâmer. Il prêche, il traite de la poétique, il fait des romans profanes et allégoriques. On a vu des comédies de lui et quelques sonnets assez approuvés. Il a pour tout cela une grande érudition, et son style n’est pas des pires. » Dans les Mémoires de Sallengre on trouve un article très-curieux sur la vie et les ouvrages d’Aubignac. A. B—t.

AUBIGNÉ (Théodore-Agrippa d’), né à St.-Maury, près de Pons, en Saintonge, le 8 février 1550, d’une famille très-ancienne. Sa mère mourut en le mettant au jour, et il nous apprend lui-même que c’est la raison qui le fît nommer Agrippa : Quasi ægre partus. Son père lui donna des maîtres fort habiles, et ne négligea rien pour son éducation. Le jeune d’Aubigné répondit si bien à leurs soins, qu’à l’âge de six ans, il lisait déjà le latin, le grec et l’hébreu, et qu’à sept ans et demi, il traduisit en français le Criton de Platon, sur la promesse de son père de faire imprimer cet ouvrage, et d’y joindre son portrait. Il n’avait que huit ans et demi, lorsque, passant à Amboise avec son père, celui-ci ayant reconnu sur un échafaud les restes de ses malheureux compagnons, dit à son fils : « Mon enfant, il ne faut point épargner ta tête après la mienne pour venger ces chefs pleins d’honneur ; si tu t’y épargnes, tu auras ma malédiction. » Ce peu de mots, et la manière dont ils furent prononcés, firent une grande impression sur d’Aubigné, naturellement plein de courage, et, dès-lors, il attendit avec impatience le moment de se signaler. A 13 ans, il se trouva au siége d’Orléans, où il se fit remarquer par un sang-froid peu commun dans les enfants de cet âge. Ayant perdu son père, dont les affaires étaient fort dérangées, on lui conseilla de renoncer à sa succession, et on l’envoya à Genève, où il étudia quelque temps sous le célèbre Bèze, qui le prit en affection ; mais dégoûté des études, il s’enfuit secrètement à Lyon ; et à quelque temps de là, il s’enrôla dans les troupes qui, sous le commandement du prince de Condé, désolaient, par zèle de religion, les provinces méridionales de France. Il s’acquit quelque réputation dans cette guerre, et, peu de temps après, il entra au service du roi de Navarre. D’Aubigné se fit remarquer à la cour par la vivacité de son esprit et par son adresse à tous les exercices du corps. Il se fit aimer du roi, et sut en même temps se concilier les bonnes grâces des Guises et des autres grands seigneurs, qui le recherchaient à cause de sa gaîté et de sa facilité à inventer de nouveaux divertissements. Ce fut à cette époque qu’il composa une tragédie de Circé. La reine-mère n’en voulut pas permettre la représentation, à raison de