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d’Antoni, publiée par le marquis de Fraguier, beau-fils de Saint-Auban (V. Antoni). A. B—t.

AUBENTON. Voy. D’aubenton.

AUBERT, AUDBERT, AUTBERT ou HAUBERT (S.). Ce nom s’est écrit et prononcé de ces différentes manières ; il paraît être aussi le même que celui d’Albert, puisque la place Maubert est nommée ainsi parce qu’Albert le Grand, ou maître Aubert y donnait ses leçons. Ce nom a été très-commun dans toutes les parties du royaume, dès les premiers temps de la monarchie. Deux évêques qui l’ont porté ont mérité, par leurs vertus, d’être mis au rang des saints. Le plus ancien fut évêque de Cambrai et d’Arras, en l’an 633. Ces deux siéges étaient réunis à cette époque. Il fut honoré de la confiance de Dagobert, et mourut en 668. Il fonda plusieurs abbayes, entre autres celle de St.-Ghilain à Cambrai, et celle de St.-Vaast à Arras. Après sa mort, on en consacra deux autres sous son invocation, dans ces deux villes ; son corps fut déposé dans celle de Cambrai, et celle d’Arras devint une des principales paroisses de cette ville. Sa fête a été placée au 16 décembre, anniversaire de sa mort. Mabillon a publié sa vie, dans le tome II, Act. Benedict. — Le second S. Aubert occupa le siége d’Avranches, au commencement du 8e siècle, et il en fut le dixième évêque ; il s’est rendu célèbre par la fondation du mont St.-Michel. Suivant l’usage de ces temps, on a répandu beaucoup de merveilleux sur les motifs qui l’y déterminèrent. On a dit entre autres choses, qu’un esprit céleste apparut pour lui ordonner de construire un temple, en son nom, sur la pointe d’un rocher, situé au milieu de la mer, et qui se nommait alors le Mont de la Tombe. Le saint, jugeant la chose impossible, ne put se résoudre à l’entreprendre : ce ne fut qu’à la troisième apparition, que, convaincu de la puissance de l’archange, par une punition que celui-ci lui infligea, il se mit enfin en devoir d’obéir, et, que surmontant toutes les difficultés, il parvint à bâtir un oratoire dans le lieu indiqué, qui devint bientôt célèbre, sous le nom de St.-Michel, en péril de la mer. S. Aubert y établit d’abord des chanoines ; mais ceux-ci s’étant relâchés, on les remplaça, en 976, par des bénédictins, qui y sont restés jusqu’à la révolution. On a raconté des détails encore plus merveilleux sur cet événement ; mais on doit remarquer qu’ils sont exactement les mêmes que ceux qu’on a attribués à la fondation de St.-Michel du mont Gargan, maintenant mont St.-Ange, faite plus d’un siècle avant celle-ci. Cette conformité suffit pour les faire reléguer parmi les fraudes pieuses que l’ignorance inventait alors. Il est probable que S. Aubert, animé de l’esprit sage qui avait dirigé les premiers apôtres, chercha à sanctifier des usages superstitieux, restes du paganisme ou du druïdisme, en leur donnant une direction plus pure ; et il suivit, pour y parvenir, une coutume assez généralement établie dans toute la chrétienté, celle de consacrer à S. Michel les lieux élevés qui, sous le paganisme, l’avaient presque tous été à Mercure. Ce nouveau St.-Michel devint en peu de temps l’objet d’un pèlerinage très-accrédité. Le corps de S. Aubert y fut déposé après sa mort ; mais il fut oublié pendant plus de 300 ans. Ayant été alors découvert par une révélation, cette relique renouvela la ferveur des pélerins, parmi lesquels on a compté les personnages les plus illustres : Louis XI fut de ce nombre, et ce fut ce qui le détermina à établir l’ordre de St.-Michel, en 1469. La fête de S. Aubert a été fixée au 26 juin