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LA
PHILOSOPHIE DE LA MATIÈRE
CHEZ
LAVOISIER


PAR


Hélène METZGER
Membre de l’Académie internationale d’Histoire des Sciences.




DISCOURS PRÉLIMINAIRE


Nous tenterons dans les pages suivantes de mettre en pleine lumière les soubassements souvent inaperçus de la philosophie de la matière que Lavoisier, parvenu à la pleine possession de son autorité, de sa doctrine et de sa gloire, proposa aux jeunes chimistes se proclamant ses disciples. Pour connaître les ressorts profonds de la marche de la pensée du grand homme, nous n’allons pas nous adresser aux polémiques prolongées par lesquelles il réussit à terrasser la célèbre doctrine du phlogistique, doctrine qui en 1770 n’avait plus de commun que le nom avec celle que le génie de Stahl inventa un demi siècle auparavant, mais qui semblait alors assurée et pour ainsi dire officielle. Si nous nous décidons à négliger systématiquement l’activité expérimentale et combative que Lavoisier exerça si brillamment au cours de cette controverse mémorable, ce n’est pas que nous en contestions l’importance primordiale uni-