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Dans cette bibliographie, où j’ai pu utiliser les collections et les notes inédites de M. Boisseau, et le manuscrit inédit des Libres Méditations qu’a bien voulu me communiquer M. Alvar Tornudd W, j’ai voulu donner une idée de ce labeur, poursuivi par Sénaneour au milieu d’une vie difficile ; l’étude des transformations qu’il a fait subir à ses ouvrages montre en lui un esprit à la fois circonspect et aventureux ; elle montre aussi un esprit soucieux de se développer continûment, en restant fidèle à ses origines ; elle peut montrer enfin un esprit profondément attentif à tout ce qui se passe en lui, espérant d’une attention de plus intense portée sur sa vie intérieure, une sorte de révélation progressive, — et qui ne dédaigne pas cependant de se tenir uu courant de tout ce que présentait à sa curiosité le travail des intelligences contemporaines. Sénaneour à vécu recueilli, mais non séparé du mouvement de son temps.

Je ne sais s’il sera jamais possible d’avoir sur lui plus de détails biographiques qu’on n’est parvenu à en obtenir jusqu’à maintenant ; mais les traits de sa physionomie n’en seraient pas plus marqués, et l’intelligence de sa pensée n’en serait pas facilitée. Son histoire est celle de ses œuvres, et ses œuvres sont un acte de foi loyal et serein dans la raison. L’inquiétude est partout dans les premières ; il n’y a plus dans les dernières qu’un sentiment d’attente tranquille, patiente, assurée.

Si, après le livre que M. Levallois a consacré à la mémoire de Sénaneour, on voulait essayer de dire encore ce qu’il fut, on ne saurait se placer à un autre point de vue que celui de son pieux biographe : il faudrait suivre l’évolution philosophique d’un pur contemplatif, qui, sans rien laisser au hasard, avec une conscience méticuleuse, passa de l’athéisme matérialiste au spiritualisme. C’est une sorte de monographie religieuse qu’il faudrait écrire. Cette étude bibliographique en serait peut-être la première indication.

(1) Je me fais un devoir d’adresser ici à M. Alvar Tornudd mes remerciements ; en m’autorisant à disposer du manuscrit inédit des Libres Méditations, 11 m’a permis d’ajouter beaucoup à l’intérêt de ce travail. Je lui rends ce qu’il m’a prêté.