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au perfectionnement des choses ». Il l’appelle « Tartarie incorrigible… ancienne Scythie portant un masque de civilisation ».

De l’esprit religieux chez un Prince. (Forme une section d’un ouvrage inédit de Sénancour sur « l’Instruction morale, politique et religieuse de ceux qui peuvent être appelés à gouverner dans l’ordre moderne. » \utre article extrait du même ouvrage plus loin.) C’est l’élude d’une évolution du matérialisme athée au déisme spiritualiste : article très intéressant par conséquent, au point de vue de la vie intellectuelle de Sénancour : « Cependant, homme vrai, ne reconnaissez pas la Divinité parce qu’il est doux d’espérer en elle, parce que si elle voit notre effort, nos misères deviennent moins accablantes : soyez-le (spiritualiste) parce qu’elle est, et qu’elle ne peut être sans qu’il faille l’adorer. » Voici une phrase bien swedenborgienne et qui surprend : « Si vous supposez, non sans vraisemblance, des impulsions sidérales, des émanations étrangères à nos organes ou des communications à travers l’abîme, et peut-être des voies où circulent des comètes inconnues, formant un lien entre les groupes d’un monde… » Sénancour veut d’ailleurs un prince philosophe, faisant la guerre aux superstitions.

1833. De M. de Chateaubriand et d’un livre qui le concerne. (Il s’agit de « l’Histoire de la vie et des ouvrages de M. de Ch., considéré comme poète, voyageur et homme d’Etat », par Scipion Marin.) Le ton de Sénancour est assez malveillant ; croyant toujours à la réforme… prochaine, il discute fort l’influence de Chateaubriand. « Il avait cédé aux deux mêmes ambitions de monter dans les carrosses du roi et de figurer dans l’Almanach des Muses » (à ses débuts). Dans Atala, pas de forte vérité morale. Il l’attaque sur la manière dont il s’est converti. Il se moque de son voyage en Orient : « Le Jourdain n’était pas loin, ce, fut une forte pensée d’en apporter de l’eau, dans une de ces petites fioles où les empiriques mettent leur élixir. » Il l’accuse enfin de remuer les passions politiques et les débris du fanatisme : « M. de Ch. ne serait point mal auprès de M. de Lamennais. » D’ailleurs il néglige, — mais il en parle, — l’imputation de spéculation littéraire, contre laquelle Chateaubriand est défendu en termes très vifs dans une notice sur sa vie, Revue Européenne, septembre 1833.

Du prince sous le rapport moral et politique. Sénancour insiste sur le caractère négatif de l’effort nécessaire : « Bornez-vous