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ni les dominer : de la méthode historique à la pensée pure, pour lui, nulle continuité n’est possible). (Sur le côté, deux lignes transversales : Esséniens (avant Christ) pas d’esclaves. Sadducéens, pas d’immortalité). — Addit. : « Abandonner l’idée de Dieu, ce serait tout perdre. On ne peut participer à aucune grandeur sans cette idée mystérieuse, libre et indéterminée… De grands écrivains, et de grands artistes, même lorsqu’ils étaient entraînés le plus sincèrement vers Dieu, s’en firent une image conforme à quelque fantôme vénéré dans leur pays par la multitude. Il faut déplorer de telles inadvertances chez des hommes célèbres, mais elles n’ôtent rien à la force de la vérité. S’il était possible que tout le genre humain, aux pieds d’une même idole, se déclarât contre moi, nécessairement inébranlable je dirais encore : Dieu est l’infini, Dieu seul est Dieu. » — Voici un fragment (inédit), pour cette même 0e Méditation, où l’on voit l’idée que Sénancour avait de sa mission : « Encore une saison pour m’affermir dans l’espérance malgré mes fautes, pour sentir que partout l’erreur change, mais la raison subsiste, pour attendre une sorte d’inspiration avant d’oublier le langage des hommes ! Quelques heures encore pour exprimer avec plus de force naturelle, avec plus de justesse, ce que gavais à dire. Ensuite, quand ma tâche si bornée finira, quand je le saurai, quand ma fatigue sera grande ou mon incapacité irrémédiable, je désirerai de m’endormir promptement, et je demanderai un bienfait de l’art sublime, le réveil loin des discordances de la terre. »

La 18e (des Solitaires), sur la régénération des instituts cénobitiques, a été, au moins deux fois, entièrement refondue (avril 1836). Il y a des affinités entre l’imagination de Sénancour et celle de Lamennais ; voici un passage nouveau qui pourrait avoir été inspiré à Sénancour par le souvenir des « Paroles d’un croyant ». — « Une poussière uniforme va rester sous le vent aride, sous le pesant niveau, jusqu’à ce que ces masses, absorbées d’une manière dont vous ne savez rien, servent à composer un sol plus jeune, d’où s’élèveront ensuite les bruits des arts et les clameurs des passions. » (Sénancour aurait refait cette phrase.) — Voici une page écrite « au bord de la mer » pour être ajoutée à la fin de la première partie de la 18° Méditation (1836) (à droite de la feuille, un dessin grossier représente la forme du littoral que les yeux de Sénancour contemplaient,