Page:Merlant - Bibliographie des œuvres de Senancour, 1905.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

a plus que celle de 1819 encore l’apparence d’un manuel de piété.

P. 429. « Moi aussi je me soutien— P. 572. « Moi aussi je m’arrête

drai comme dans un lieu d’attente comme dans un lieu d’épreuve sur

sur ce globe où nous devons rester ce globe où nous ne resterons pas. » si peu. »

Le développement est le même dans les deux textes sur ses alternatives de découragement sombre et d’espoir ; Sénancour, au fond, croit, — parce qu’il veut croire. 1834 ajoute deux pages à la fin, qui parlent de « la promesse de l’inaltérable lumière », sans d’ailleurs admettre quoique ce soit de l’illuminisme swedenborgien, dont Sénancour s’est toujours moqué : « Demandez la vie, écrit-il en termes tout évangéliques (cf. le chapitre XXV) et la vie vous sera donnée. Une clarté plus heureuse animera l’espace ; de nobles espérances surprendront les cœurs, et les fins morales de l’homme seront manifestées dans les développements toujours nouveaux du mystère éternel. » C’est donc sur la foi en un avenir indéfini de l’humanité qu’il conclutj en une révélation progressive de l’idéal, que l’humanité collabore à réaliser.

Les notes pour une dernière édition témoignent du labeur obstiné de Sénancour. Elles sont surchargées presque toujours de ratures et de corrections. Très souvent, Sénancour écrivait cinq ou six fois de suite le même développement en y apportant des modifications tantôt insignifiantes, tantôt très importantes : on retrouve ces développements successifs. Quand le texte, à force de remaniements, devenait trop difficile à lire, Sénancour inscrivait sa phrase, définitive ou non, sur une bande qu’il collait sur le feuillet primitif : si bien que certains feuillets ont maintenant l’apparence d’une sorte de mosaïque de fiches ajustées les unes aux autres. Dans l’ensemble, il est impossible de reconnaître encore au manuscrit que j’ai étudié un caractère définitif. Ce sont encore, très souvent, des notes personnelles accumulées en vue d’un ouvrage qui n’a jamais vu le jour. La pensée de Sénancour ne cesse jamais de se chercher et ne se trouve jamais ; on devine l’effort pour construire un livre qui se tienne d’un bout à l’autre, au lieu d’une suite de méditations sans autre unité que celle de l’inspiration. Mais Sénancour finalement n’a pas d’autre méthode que celle des inspirés ; il est souvent impossible