Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
la guerre des mondes

de East Barnet, ils aperçurent deux trains avançant lentement, l’un suivant l’autre, sans signaux, montant vers le nord, — des trains fourmillant de gens et il y en avait même de grimpés sur les tenders. Mon frère suppose qu’ils avaient dû s’emplir hors de Londres, car à ce moment la terreur affolée des gens avait rendu les gares terminus impraticables.

Ils firent halte près de là, pendant tout le reste de l’après-midi, car les émotions violentes de la journée les avaient, tous trois, complètement épuisés. Ils commençaient à souffrir de la faim : le soir fraîchit, aucun d’eux n’osait dormir. Dans la soirée, un grand nombre de gens passèrent à une allure précipitée sur la route, près de l’endroit où ils faisaient halte, des gens fuyant des dangers inconnus et retournant dans la direction d’où mon frère venait.



xvii

LE « FULGURANT »


Si les Marsiens n’avaient eu pour but que de détruire, ils auraient pu, dès le lundi, anéantir toute la population de Londres pendant qu’elle se répandait lentement à travers les comtés environnants. La même cohue frénétique débordait sur la route de Barnet, mais aussi à Edgware et à Waltham Abbey et au long des routes qui vers l’Est vont à Southend et à Shoeburyness, et, au sud de la Tamise à Deal et à Broadstairs. Si, par ce matin de juin, quelqu’un se fût trouvé dans un ballon au-dessus de Londres, au milieu du ciel flamboyant, toutes les routes qui vont vers le nord et vers l’est et où aboutissent les enchevêtrements infinis des rues eussent semblé poin-