Page:Mercure de France - 1766-02.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rable à l’ardeur & à la confiance de nos prières publiques, nous conſerveroit un Prince ſi cher & ſi précieux à la nation ; il n’eſt point d’actes de piété & de religion que les Calaiſiens n’ayent exercés pour obtenir du Ciel ſa guériſon ; il n’est point d’alarmes & d’inquiétudes qu’ils n’ayent éprouvées dans le cours de ſa : maladie. L’arrivée de chaque courier étoit pour nous un redoublement de crainte & de douleurs, de prières & de vœux ; les temples retentiſſoient des offrandes & des larmes du peuple le plus fidèle au ſang de ſes Rois. À peine ces mêmes temples ſuffiſoient au concours & à l’affluence des citoyens de tous les états. Le Dieu qui nous avoit prêté ce Prince vertueux pour le bonheur & l’édification de la France, a ſans doute voulu qu’il en fût déſormais auprès de lui l’interceſſeur. Cette penſée, quelque ſublime & quelque conſolante qu’elle soit, eu égard à la religion, ne l’eſt pas également lorſqu’il s’agit de la nature.


Tout parle à la raiſon, mais rien ne parle au cœur.


Tout François, tout Calaiſien, en adorant la main qui les frappe, ne rend pas moins à la mémoire du Prince, tout ce que le ſentiment nous inſpire dans cet inſtant douloureux.