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Nous ne méconnaissons pas ce qu’il y a de vrai dans cette remarque ; il est certain que la science a son côté aristocratique; mais elle n’en a pas moins, en même temps, son côté démocratique. A vrai dire, la socialisation du trésor intellectuel croît en même temps que son individualisation. Si le bel héritage social de la science ne grandit que grâce aux individualités supérieures, il a l’avantage de ne pouvoir être accaparé par des individualités inférieures, alors que cet accaparement se produit partout ailleurs. On voit de nos jours le pouvoir politique, à mesure qu’ il se morcelle, confis­qué par des agents élecloraux de bas étage, pelotonnés en comités ; on voit aussi la fortune mobilière, à mesure qu’elle se subdivise et se fractionne, se concentrer entre les mains de conseils d’administration, qui exploi­tent les compagnies où affluent les capitaux individuels ; on verra avant longtemps la propriété territoriale, à force de morcellement, régie elle-même par des syndicats de propriétaires ; est-il possible de lutter autre­ment contre la concurrence des pays où la terre se donne pour rien et est susceptible de culture par les machines ? Meoeurs de syndicats, adminis­trateurs délégués, politiciens, voilà donc les trois points noirs de l ’avenir. Mais une chose rassure, c ’est que seule, par un heureux privilège, la pro­priété spirituelle se refuse à ce monopole et à cette usurpation du charla­tanisme.

Ce passage valait d’ôtre cité. L ’essai de M. Alfred Fouillée se ter­mine ainsi : Pour conclure, dégageons ce qui ressort légitimement de toutes les dis­cussions relatives au droit d’appropriation. Puisque la société et la nature ont dans la propriété une certaine part, mais que la c rente » sociale ou naturelle est impossible à déterminer exactement pour chaque cas parti­culier, il en résulte une double conséquence : 10i1 existe un devoir général de la société envers les individus que les conditions mêmes du régime social, les fautes da leurs parents ou les nécessités de la nature, laissent privés de subsistances. C ’e6t le devoir social de justice réparative, qui supplée à l’impossibilité d’une exacte justice distributive, telle qu’un dieu l’exercerait; a° ce devoir social, qui reste en grande partie indéterminé, ne peut créer chez l’individu, comme tel, un droit positif de revendication devant la loi; il impose seulement à l’Etat entier le devoir d’ un progrès incessant vers des conditions meilleures et plus égales de travail et de bien-être.

Memento. — La Revue (io décembre). — M. P . Detot : « Le Véritable François-Joseph. » — M . Nicolas S eg u r : « Octave Mirbeau. » La Grande Revue (10 décembre). — M. L . Tailhade :a La Dévotion à la croix de Calderon. » — M. Léon Blum : « L’Age de l’amour. » — M. Mark Twain :« Mémoires d’ une chienne .»

Le Feu (1er décembre). — M. Ed. Jaloux :« Lady Sidley. »

La Revue de Paris (i5 décembre). — Lettres de R. Wagner à Otto Wesendonk. — M. M. J. Lemoine et A. Lichtenberger : « Le Père Ta­ lon. » — M. L . Houlievigue : a La Synthèse de la lumière. » Pages modernes. — Le n« de décembre est consacré à «: La Pologne politique, économique et sociale ».