maniere de son confrere, il ne doit pas se formaliser, si son trouve à reprendre à son style, chacun ayant sa maniere d’écrire, qu’il lui est tout aussi impossible de changer que son geste & sa démarche.
Pourquoi tel mot expressif, harmonieux, nécessaire, est-il tombé dans l’oubli, tandis que tel autre aura reçu l’existence sans raison, & fera fortune, sans avoir d’autre mérite que sa nouveauté ? Pourquoi ne ressusciteroit-on pas telle expression vieillie ? Quoi ? l’écrivain ne pourra pas faire de la langue ce que l’ouvrier fait de l’instrument qui obéit à la main qui le guide ? Le style le plus fort est toujours le meilleur, & l’expression la plus nette est celle que l’on doit employer de préférence.
Il y a dans les langues quelque chose d’intellectuel ; car toutes les figures étant arbitraires, l’on devine encore plus que l’on n’entend. Voilà pourquoi le style chargé de trop de mots, laisse l’ame dans l’inaction. Mettre en jeu l’imagination, & ne la point rassasier, voilà l’art d’écrire.