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mes si loin, si loin d’en avoir une ! Eh, c’est parce que nous n’en avons qu’une qu’elle sera toujours foible, indolente, inactive, insuffisante ; parce que chaque membre écarte de toutes ses forces tout nouveau comédien qui lui fait ombrage ; parce que l’emploi de chacun d’eux, par une loi qu’ils se sont faite, n’est jamais rempli par un autre, & que le premier en date anéantit conséquemment tous les rôles qui ne lui plaisent pas ; parce qu’ils se permettent tour-à-tour des absences combinées, que le public paie & souffre en murmurant tout bas ; parce qu’ils bâtissent à leur gré mille petits codes ridicules, inconnus, qui ne tendent qu’à légitimer leur paresse & à rabaisser les ouvrages à leur niveau. L’anarchie intérieure de leur gouvernement nuit, & nuira toujours aux progrès d’un art qui expire au milieu de leurs interminables débats.

On voit dans les foyers les bustes radieux des Corneille, des Racine, des Moliere, des Voltaire ; ils y regnent en maîtres : mais