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Jamais les lois de la physique n’expliqueront comment un oiseau fait son nid, ni comment l’homme parle et écrit.

Vous parlez de la génération des idées ; mais quelle est la première ? Je pense, donc je suis, voilà bien une idée innée, voilà le premier anneau indestructible et qui nous attache à la connaissance de la Divinité ; elle rayonne en nous, et quand vous direz que les langues des sauvages sont les moins philosophiques, tout au contraire, elles simplifient tout ce que les subtiles rubriques des idiologues ne font qu’obscurcir. Selon moi la pensée ne devient vivante que lorsque la métaphysique la laisse dans un état de repos, sans la tourmenter de ses formules. Les images, les métaphores, les inversions, les ellipses abondent dans ces langues que vous appelez barbares, et vont au-devant de toutes les vérités par l’énergie du sentiment. Si pour s’exprimer avec clarté, il faut avoir porté dans son propre entendement la plus grande franchise, la netteté du style appartient plus aux sauvages qu’aux professeurs d’entendement humain.

Le passage de l’écriture symbolique à l’écriture alphabétique, s’est opéré plusieurs