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sée et le feu du sentiment. Nos voisins possèdent plusieurs traductions célèbres des poètes de l’antiquité et qui reproduisent toutes leurs beautés originales ; et nous, nous avons tellement fait les difficiles, que nous n’avons qu’un bégaiement enfantin, monotone, près de la voix forte, sonore et musicale, qui se ploie aux mètres les plus difficiles de la Grèce et de Rome. On entend dans plusieurs

    n’exploitera aucune mine, l’on sera toujours tremblant, incertain ; l’on demandera à trois ou quatre hommes s’ils veulent bien nous permettre de parler et d’écrire de telle on telle manière, et quand nous en aurons reçu la permission, ils voudront encore présider à la structure de nos phrases : l’homme serait enchaîné dans la plus glorieuse fonction qui constitue un être pensant. Loin de nous cette servitude : la hardiesse dans l’expression, suppose la hardiesse de la pensée.

    Pourquoi un bègue ne balbutie-t-il plus en lisant, en déclamant ou en chantant ? c’est qu’il commande, par un nouvel effort, à ses nerfs et à ses fibres, et pour quelque chose de plus grand et de plus neuf que la simple parole. Qu’un de nos infortunés rimeurs ose adopter ma Néologie, ou même la surpasser, je lui réponds de quelques succès. Il faut toujours une secousse plus forte pour s’élever, quand il y a imperfection dans le jarret.