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— Oui ; et ce que je vous dis là s’applique à l’amitié comme à l’amour. Combien de fois, lorsque ceux que nous comblons d’honneurs et de biens, ceux à qui nous, sincèrement, nous donnons amitié et confiance, combien de fois, quand nous les entendons nous jurer un éternel dévouement et une fidélité sans bornes… hélas ! ne nous prenons-nous pas amèrement à penser que tout cela peut être faux ; que la main qui nous flatte, en sortant d’être pressée par la notre, va peut-être aiguiser le poignard dont la pointe est destinée par eux à nous percer le sein ; que ces hommes, dont nous voyons le genou si souple à ployer devant nous, ne s’inclinent que devant notre pouvoir, et que, s’il plaît à Dieu de nous l’ôter sans l’existence, nous les verrons accourir nous fouler aux pieds, et se servir de nous comme d’un degré pour les hausser au niveau du bras de celui qui alors aura des honneurs et des bienfaits à leur jeter !… Oui, nous pensons cela, et c’est affreux !… En vérité, le ciel ne devrait rem-