Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas d’entendre des paroles d’amour, de recevoir des sermons de fidélité, qui nous manque : c’est d’y croire, voyez-vous ; c’est de pouvoir nous persuader que c’est à nous, et non à notre fortune, que s’adressent ces vœux, ces hommages qu’on ne nous prodigue que trop.

— Ah ! sire, permettez-moi de défendre un pareil doute à votre majesté.

— Et pourquoi moi plutôt qu’un autre ?… Allez, une redevance d’âme ne s’exige pas comme le tribut d’un vassal à son seigneur : c’est un bien qu’on n’achète pas, on le reçoit en pur don ; c’est un leurre que d’en faire marché. Tenez, Renée de Rieux, la belle Châteauneuf, vous le savez, je l’aimais avec toute la passion, toute l’ardeur d’un jeune homme ; eh bien ! n’est-elle pas mille fois plus fortement amoureuse de son mari, le Florentin Antinotti, qu’elle ne le fut jamais de son amant le duc d’Anjou ?… Et pourtant elle m’aimait ! et j’étais prince !

— Sire…