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les employer, il était parvenu à ce degré de faveur qui, pour se maintenir, en exige le continuel exercice. Esclave de cour, en se ployant sous le joug doré de la faveur, il ne s’était pas vendu qu’à un maître : il était trop vil pour ne pas être prudent et calculer toutes les chances. Apôtre de tous les partis, aux gages de tous, René de Villequier savait encenser à la fois plusieurs idoles, et paraître n’apporter à chacune d’elles que l’hommage d’une exclusive et sincère dévotion.

Près de Françoise, l’amant n’oublia pas le courtisan ; sa politique s’assouplit à l’amour comme à l’ambition. Cependant, il faut l’avouer, ce fut plutôt à la candide vertu qu’à la beauté, qu’il rendit les armes. Tel était l’effet du charme, qu’il lui semblait que tout ce qu’il y avait de doux et de pur dans l’âme de cette femme, si jeune et si naïve, s’en exhalait, comme un souffle vivifiant, pour rafraîchir son cœur flétri et desséché. C’était le vice souriant à l’innocence, comme l’expérience morose d’un vieillard valétudinaire