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conter que, dès son bas âge, la pauvre petite n’abandonnait au temps que les heures, et se réservait le souvenir.

J’avais l’habitude, dans les beaux temps, lorsqu’Élisa était petite, de la mener les jeudis et les dimanches à la campagne. Son petit mari, M, Danguy, qui depuis devint son instituteur, en possédait une à peu de distance de la ville, il nous y conduisait souvent. Pour y arriver, nous étions obligés de passer devant la cabane d’une vieille femme qui, tout en filant sa quenouille, demandait l’aumône aux passans. Élisa lui donnait toujours un sou. Un jour, que nous passions comme de coutume devant elle, mais sans qu’Élisa parût y prendre garde, la vieille vint la tirer par sa robe, pour lui rappeler qu’elle l’avait oubliée…

— Laissez-moi donc, bonne femme, vous allez me salir ma robe avec vos mains noires… Croyez-vous que mon argent est pour vous ; il est pour m’acheter des fraises.

La pauvre femme retourna à sa place sans