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« Il répand ses bienfaits sur plus d’une famille… »
L’ombre se tait. Sa mère en s’éveillant courut
Hors de son lit criant : « Chère Élisa, ma fille ! »
Mais l’ombre aussitôt disparut.

Desmeure.

À LA MÈRE D’ÉLISA MERCŒUR.


Dans son premier essor, ange de poésie,
Comme un aigle l’oiseau… le destin l’a saisie !
Puis il a sans pitié détaché le lien
Qui l’attachait à nous qui l’écoutions si bien !
Ange, elle a pris son vol, et sa dernière plainte
Nous l’avons recueillie avec une ardeur sainte !…
Nous avons recueilli sa prière, ses chants,
Recueilli ses adieux si tristes, si touchans !…
Recueilli tous les sons de la harpe plaintive
Dont les chastes accords sur notre âme attentive
Coulaient comme un miel pur, comme un lait bienfaisant,
Ou comme d’une sœur le baiser caressant !  !  !
Nous l’écoutions si bien ! et tous dans la carrière
Aimions tant à revoir sa tête belle et fière.
Que ce fut un long jour de tristesse et de deuil
Que le jour où sa main nous montra son cercueil !
Enfant !… car elle était (enfant de poésie)
Plus près de son berceau, tout baigné d’ambroisie,
Que de la froide tombe, où, d’une faible voix,
Pâle ! elle nous disait : « J’y descends… je la vois !…
« Ma mère ! j’ai bien peur d’un funèbre présage…
« Car je vois la douleur, les pleurs, le long veuvage