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ELLE.

Elle était belle. Je l’aimais avec le double délire de la jeunesse et de l’amour. En regardant cette taille élégante, cette tête enchanteresse, je ne pensais pas que le temps pût faner ces roses du premier âge, si fraîches, mais, hélas ! sitôt flétries ! La vieillesse ne me semblait pas faite pour Elle. Il durait encore, ce rêve de mon imagination, lorsque le jour du départ arriva. La gloire m’appelait, l’amour parlait en vain, j’écoutai la gloire : je partis. Nous échangeâmes nos regrets et nos espérances. Je promis de revenir, elle jura d’attendre. Le bruit d’une marche guerrière étouffa celui de mes derniers soupirs d’adieux. D’autres aussi me parurent belles, me semblèrent devoir l’être toujours. Je changeais à la fois et de ciel et d’amour.

Mais le temps que j’oubliais se souvint de moi bientôt, le sourire fut moins gracieux sur mes lèvres, le regard moins brûlant dans mes yeux ; ma voix fut moins douce, mes pa-