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fait de la femme qu’une statue mouvante. Le vaste domaine de la pensée est-il une carrière où l’homme seul a droit de courir ? Non, l’étincelle sacrée du génie ne s’étouffe pas dans notre cœur ; elle nous dévore comme vous. Comme vous, ne pouvons-nous donc mériter, conquérir la gloire ? Croyez-vous donc que le laurier qui vous couronne se flétrirait sur notre front ? Démentez donc le passé, déchirez donc les pages où l’histoire n’a pas trouvé que le nom d’une femme fut indigne d’être tracé par elle. Ninus a-t-il paru plus grand que Sémiramis sur le trône où elle s’asseyait ? La Victoire a-t-elle dédaigné la vierge de Vaucouleurs lorsqu’elle posait la couronne sur le front de son roi ? D’où seraient donc venus leur courage et leur génie, si ce n’était de l’âme ? Mais non, la guerre, les lois, vous nous les abandonnez encore, et vous réservez à vous seuls la poésie, cette musique intérieure, dont chaque note est un sentiment, une émotion. Une seule, dites-vous, une seule eut ce don sacré. Ah !