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(dans son esprit seulement) qu’elle aurait pour Mathilde une haine invincible, et que jamais elle ne chanterait en même temps que mademoiselle Aubry. Elle appuya fortement cette résolution de la pensée que M. Adolphe de Norville lui avait aussi, lui, parlé avantageusement de sa mélodieuse rivale. Or, vous avez peut-être deviné qu’elle aimait ce M. Adolphe. Si cela est, vous avez pensé juste ; Fulbertine l’aimait, et depuis quelques mois on avait dit souvent dans le monde qu’il était très probable que mademoiselle de Lucé serait un jour madame de Norville.

Les réunions de la vicomtesse avaient lieu tous les mardis, et la soirée commençait toujours par un concert. Deux jours après le bal où nous avons assisté, madame d’Arcy vint rendre visite à madame de Causin. Elle parla, sans mauvais dessein, du talent de Mathilde, après avoir d’abord renouvelé ses complimens à Fulbertine, qui soutint cette conversation avec assez de courage.