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petite fille, lorsqu’elle perdit sa mère. Son père, officier supérieur, obligé de suivre son régiment, remit le soin de son éducation à l’amitié de sa sœur, madame de Causin.

Madame de Causin était veuve, déjà âgée, et n’avait jamais eu d’enfant. Elle avait passé une partie de sa vie à demander au ciel de lui accorder un héritier, et le reste à regretter de n’avoir pas été exaucée dans ce vœu le plus fort, le plus constant de son âme. Elle voulait être mère, pour ne remplir que la tâche la plus facile de la maternité : celle d’aimer, de caresser, de louer, d’embellir, d’adoniser son enfant ; mais elle n’aurait pas voulu s’acquitter de la tâche la plus sacrée, la plus noble, la plus généreuse à remplir : celle d’éclairer l’obscure raison d’un enfant, de lui montrer ses devoirs, de le reprendre sur ses défauts, de le récompenser du bien comme de le punir du mal ; enfin, de le conduire au bonheur en le faisant passer par la vertu.

La colère rend malade, le dépit fait pleurer ; peut-on faire souffrir et pleurer les en-