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impossible de rencontrer deux êtres entièrement sympathiques, et que, si par hasard pourtant la puissance créatrice, par une exception à l’ordre de sa diversité sublime, formait deux esprits tout semblables, elle se garderait bien de les destiner l’un à l’autre. Car le sentiment qui chez eux parlerait le plus haut serait celui d’une haine mutuelle, d’un réciproque ennui.

— Vous avez vu par vous-même ce qui résulterait d’une telle union : ne possédant qu’une pensée à deux, si l’un des époux s’égarait, l’autre le suivrait nécessairement dans la voie de l’erreur ; éprouvant à la fois le même désir, lequel pourrait céder à l’autre objet souhaité ? si quelque danger menaçait l’un, l’autre pourrait-il le secourir quand il tremblerait aussi de la même frayeur ? Quel secours, soit physique, soit moral, pourrait-on se prêter ? quels conseils se donner ? En marchant au juste du même pas dans la route de la vie, ni l’un ni l’autre ne pourrait se faciliter le passage, tous deux