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au pied de l’autel, juré de bouche et de cœur de s’adorer toujours.

« Il n’y a pourtant qu’un mois, Similo, que nous croyions, avec la foi la plus sincère, à la possibilité d’une félicité inépuisable, rien qu’un mois, et déjà la source en est tarie !

— Pour jamais ! Comme le temps va vite à moissonner les plus chères émotions ! que ferions-nous maintenant dans la vie ?

— Rien ! »

L’aiguille marchait toujours, le marteau sonore allait frapper l’heure suprême. Ils prirent tous deux le vase empoisonné ; mais avant de le porter à leurs lèvres, ils se regardèrent, et, par un mouvement spontané, ils échangèrent leurs coupes en se disant :

« Je t’ai ôté le bonheur, il est juste que je te le rende en te donnant la mort.

— Adieu, triste séjour, adieu !

— Adieu, pâle existence, adieu ! »

Et d’une main ferme, ils approchèrent la mort de leurs lèvres ouvertes.