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que le seul sentiment que j’éprouve pour lui est celui d’une bonne et franche amitié. Il aurait voulu de l’amour, lui, et je n’en ai pas à lui donner. En voyageant, il m’oubliera peut-être ; il rencontrera peut-être aussi une femme sachant mieux le comprendre que moi. Il est possible qu’il en trouve une qui lui plaise : qu’il l’aime, qu’il l’épouse, qu’il soit heureux avec elle, et ne se souvienne de moi que comme il se rappellerait une sœur, une amie d’enfance. Puisse-t-il rencontrer auprès d’une autre ce qu’il croyait trouver auprès de moi ! puisse-t-il être heureux ! et moi, puissé-je apprendre qu’il l’est, être assurée que rien ne manque à sa félicité !… Cette nouvelle me sera bien douce ; je serai heureuse de son bonheur comme je le serais de celui d’un frère… J’en serais ravie… enchantée… oui, c’est bien sûr ! »

La pauvre enfant, tout attendrie, pleurait de grosses larmes en achevant ces paroles. Mais étaient-ce bien des pleurs d’espérance et de joie qui coulaient de ses yeux à la