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— Passons à un autre creuset. Il est impossible qu’un être ambitieux approche de ses lèvres la coupe du bonheur. Que lui importent les faveurs de la fortune, les douceurs de l’amour, les présens de l’amitié, si sa chimère est un songe d’honneurs, de puissance ou de gloire ? Peut-il jouir d’un seul instant de paix, tant qu’il n’a point atteint l’objet de ses vœux ? et même, lorsqu’il le possède, peut-il être satisfait ? Non. Il lui semble alors tellement amoindri qu’il n’y retrouve plus aucun des charmes qui l’attiraient de loin ; il le rejette avec dépit, il s’écrie : Ce n’était donc que cela ! Ce qui lui paraissait un monde est alors à peine un atome, et, se retournant alors vers une autre chimère, il recommence à souffrir ses regrets, ses craintes, ses tortures d’espoir ; car l’espérance n’est pour lui qu’un breuvage empoisonné et puis arrive une autre déception… Oui, lorsqu’une fois l’ambition s’est cramponnée au cœur, comme un vau-