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Nous la rencontrions souvent dans les salons de sa mère. Sa présence leur prêtait un nouveau charme. Élisa se plaisait à l’entendre, à lire dans cette âme si épurée d’orgueil, si modeste dans sa supériorité, qu’on eût dit qu’elle devait plus de reconnaissance aux malheureux à qui elle avait prodigué ses soins, qu’ils ne lui en étaient eux-mêmes redevables. Oh ! combien elle regrettait de ne pouvoir reprendre ses charitables et pieuses occupations, et de s’être vue forcée, pour conserver la vie, de renoncer à la profession que son cœur avait choisie. Dix années de veilles et de fatigues passées dans les hôpitaux n’avaient pu manquer d’altérer sa santé naturellement délicate. Mademoiselle d’Abrantès se trompa long-temps sur le courage qui l’animait ; elle prenait la force de l’âme pour celle du corps ; mais quoique l’âme ne perdît rien de sa vigueur, il lui fallut cependant céder, car le corps devint faible.

Ce fut à peu près à l’époque dont je parle,