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tendait des pas sur l’escalier, elle me disait : Je crois bien que c’est mon mari qui vient nous chercher ; enfin le mari arriva, et nous partîmes. Jamais je n’oublierai la représentation de Phèdre ; l’attention avec laquelle Élisa l’écouta était telle, que s’il ne lui était pas échappé de temps en temps cette exclamation : Oh ! que c’est beau ! on l’eût prise pour une statue !

— Eh bien ! ma petite femme, lui dit M. Danguy lorsque la toile fut baissée, persistes-tu encore dans ton projet ?

— Oui, mon mari, mais je suivrai le conseil de maman ; j’attendrai que le temps soit venu pour le mettre à exécution. Je sens bien, me dit-elle en m’embrassant, que mon désir de te rendre riche ne suffit pas pour faire une tragédie, et que vous aviez bien raison tous les deux de me dire que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre avant que d’être en état d’entreprendre un pareil travail, je le comprends bien maintenant ; mais si mon mari a le courage de me les montrer, ces choses qu’il est indispensable de savoir, moi j’aurai le courage de les apprendre.

— Certainement, ma petite femme, que j’aurai bien ce courage-là ; mais c’est à la condition que tu ne penseras plus à ta tragédie.