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faire pour ma fortune me le prouve, mon Élisa ! si tu crains de m’affliger, ne l’occupe plus de ta tragédie, je t’en supplie, jusqu’à ce que l’âge et l’inspiration t’avertissent que le temps est venu… Écoute, ce soir on donne un des chefs-d’œuvre de Racine, Phèdre ; comme je suis persuadée que la vue de cette admirable tragédie le convaincra que j’ai raison de le conseiller d’attendre que le temps soit venu pour faire la tienne, je vais accepter la proposition que M. Danguy m’a faite de nous conduire au spectacle. Seras-tu contente de voir Phèdre ?

— Oui, ma petite maman, je serai bien contente… Dis donc, mon mari, serons-nous bien placés ?

— Dans une loge de face, ma petite femme.

— Oh ! tant mieux !… Habillons-nous bien vite, ma petite maman, me dit-elle, lorsque M. Danguy fut parti, pour ne pas faire attendre mon mari quand il viendra nous chercher, car si nous arrivions trop tard au spectacle, nous pourrions fort bien trouver notre loge prise, et ce serait bien désagréable… Qu’il me tarde d’être rendue ! »

La pauvre petite était si satisfaite, que la joie l’empêcha de manger. Chaque fois qu’elle en-