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poupée, la leçon alla au mieux, et le plan de la tragédie fut vivement discuté. Élisa soutenait son opinion d’une manière qui prouvait qu’il y avait conviction chez elle.

— Oui, disait-elle, mon mari, je trouve beaucoup plus dramatique de faire défendre Zoraïde par Boabdil, sous des habits espagnols, que par Larra, et de la lui enlever au moment où il vient de lui sauver la vie, par le moyen du poison qu’elle aura pris avant le combat, que de la laisser vivre après ; car, vois-tu, mon mari, il faut que Boabdil soit puni. Quand je ferai ma tragédie, ce sera là mon dénoûment ; il me plaît, je n’en veux pas d’autre ; ainsi rappelle-toi de ne pas chercher à m’en faire changer [1]. »

M. Danguy ne manquait jamais à la fin des leçons de ramener Elisa sur le sujet de sa pièce.

« J’échangerais, me disait-il, tout ce que je possède pour une portion du génie d’Élisa ; elle en a réellement trop à elle seule, il est facile de voir que déjà il la dévore, et que sera-ce quand l’âge l’aura mûri ! »

  1. On pourra juger, après avoir lu Boabdil, roi de Grenade, qui est dans ce volume, car c’est le même sujet qu’elle a traité, et le dénoûment dont elle parlait alors dont elle s’est servie, si elle avait ou non raison d’y tenir.