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— À la table près de laquelle maman travaille.

— Je crains que nous ne gênions la maman, ma petite chérie.

— Oh ! que non, mon mari, je suis presque toujours assise devant elle… N’est-ce pas, ma petite maman ? Et puis s’il y avait des choses que tu ne pusses pas me faire entendre, maman me les expliquerait, parce que, vois-tu, je comprends tout de suite ce qu’elle m’explique [1].

  1. C’est à cette grande facilité de me faire comprendre d’Élisa que j’ai dû, malgré mon ignorance, le bonheur de lui être utile dans son éducation ; aussi ne voulait-elle pas prendre une seule leçon que je ne fusse présente. Et M. Danguy ne tarda pas à se convaincre qu’elle avait eu raison lorsqu’elle lui avait dit qu’elle comprenait tout de suite ce que je lui expliquais. Un jour qu’il avait été obligé d’avoir recours à moi pour lui démontrer quelque chose qu’il n’avait pu lui faire entendre, surpris du peu d’efforts que j’avais eu à faire pour y réussir, il me demanda comment il se faisait qu’Élisa saisissait beaucoup mieux mes définitions que les siennes. « C’est, lui répondis-je, que les miennes lui sont données beaucoup moins savamment que les vôtres. — mais pourtant il me semble que cela devrait produire un résultat tout contraire à celui que vous obtenez. — Non. — Et comment cela ? — C’est que pour donner des explications à Élisa, vous ne vous servez que des termes de l’art, tandis que moi il ne m’arrive peut-être jamais, dans celles que je lui donne, d’employer une seule fois le mot technique, je cherche le mot qui la persuade, et voilà tout. — Et c’est le meilleur de tous, c’est le seul qui convienne. — Oui, je le crois. » Depuis lors, M. Danguy s’attacha à simplifier tout ce qu’il