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Souvent simple flatteur d’un roi dont la jeunesse
De son docile esprit me livrant la faiblesse,
Croyait sans se douter que je lui commandais,
Me guider vers le but où je le conduisais.
Cédant ainsi, j’ai su, conjurant la tempête,
De degrés en degrés monter jusques au faîte.
J’y suis… Des faux dehors dépouillons le manteau,
Naguère nécessaire, aujourd’hui vain fardeau.
Celle à qui mon adresse assura la couronne
N’oublîra pas quelle est la main qui la lui donne ;
Voyant avec mes yeux, parlant avec ma voix,
Reine, elle deviendra l’esclave de mes lois.
Oui ! pourquoi sans cela, déshéritant pour elle
Celle enfin qu’à ce trône un juste droit appelle,
M’aurait-on vu sans fruit, infidèle à nos rois,
Sur elle d’Édouard faisant tomber le choix.
J’ai pour me l’enchaîner choisi ma souveraine ;
Jane, à moi le pouvoir, à toi le nom de reine.


Scène II.

NORTHUMBERLAND, CECIL, ARUNDEL, PIMBROCK.
NORTHUMBERLAND.

Venez, seigneurs, je veux, arrêtant nos projets,
Agiter avec vous de sacrés intérêts.
Enfin voici l’instant où le sort se déclare ;
Pour la dernière fois, l’orage se prépare ;
Il gronde. À sa fureur sachons en liberté
D’un généreux courage opposer la fierté.
Du destin qui l’attend trop incertain encore,
De soi-même ennemi quand l’état se dévore ;
S’il tombe de sa chute, osons le relever :
C’est quand il va se perdre à nous de le sauver.