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pour me le communiquer, je vous promets de vous dire franchement ce que j’en penserai. » Quelques jours après, munies du plan bien détaillé, nous nous rendîmes chez M. S… ; il le lut avec une grande attention, non sans cependant secouer la tête et sans froncer les sourcils, ce qui ne parut pas à Élisa devoir être d’un fort bon augure.

« Vous n’avez pas fait Marie d’Angleterre rivale d’amour de Jane Gray, mademoiselle Mercœur ; vous n’avez pas de pièce…

— Et moi, monsieur, j’ai pensé au contraire que je n’en aurais pas si j’établissais entre Jane et Marie une autre rivalité que celle du trône. Car enfin, Jane Gray ne deviendrait qu’une pâle et froide imitation de Marie Stuart… d’Élisabeth… d’Olga… de…

— Eh ! qu’importe, mademoiselle Mercœur, que ce soit imitation ou non, l’essentiel est que votre tragédie puisse être jouée, et vous n’avez que ce seul moyen… Ne soyons, croyez-moi, pas plus scrupuleux que nos pères : ils imitaient les pièces des anciens, imitons les leurs, et nos neveux imiteront les nôtres à leur tour.

— Mais, monsieur, si toutes les générations ne font que s’imiter, qui donc se chargera de la