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ALY.

Je ne te comprends pas… et ce nouveau langage…

(D’un air d’intérêt.)

Mais tu sembles troublé ; tes regards, ta pâleur…
Tu souffres ?

BOABDIL, avec douleur.

                        Oui, beaucoup, ma souffrance est au cœur !

ALY.

Ah ! fuis ces lieux !

BOABDIL.

                                  Pourquoi ? Celui qui fait le crime
Ne se fuit pas lui-même en fuyant sa victime.
En tout temps, en tout lieu, le coupable avec soi
Emporte ses remords.

ALY.

                                        Des remords… est-ce toi ?…

BOABDIL.

Oui, c’est moi qui m’éveille et sors de mon délire.
Trop serré sur mes yeux, le bandeau se déchire,
J’y vois ! je me regarde et je me fais horreur.
Combien elle a duré, ma détestable erreur !
Qu’après un tel sommeil le réveil est terrible !
Quand elle vient trop tard, la raison est horrible.
Lorsque de son flambeau l’inutile clarté
Me découvre l’abîme où je me suis jeté,
Je n’en puis pas sortir !

ALY.

                                            Si ton sujet fidèle…
Pouvait te…

BOABDIL, avec indignation.

                      Quoi ! viens-tu, dans ton funeste zèle,