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Mon cœur est jeune encore et mon front seul est vieux.
Mais j’ai perdu pour vous le prestige des yeux.
Cet amour, qui trois ans s’irrita dans mon âme,
Lorsqu’il fait bouillonner tout mon sang qu’il enflamme,
N’excite, hélas ! en vous qu’un sentiment d’horreur.
Tremblez à votre tour d’exciter ma fureur !
Tremblez de prolonger ce refus qui m’outrage !
Sur le point d’éclater, n’attirez pas l’orage ;
Songez qu’en ce moment je dois être écouté ;
Songez qu’on permet tout à la nécessité.

ZORAÏDE.

Jamais le déshonneur ne devient nécessaire.

ALY.

Mais la mort vous attend !

ZORAÏDE, dignement.

                                                Mais moi, je la préfère :
Mon cœur a peur du crime et non de l’échafaud.

ALY.

C’est votre dernier choix ? c’est votre dernier mot ?

ZORAÏDE.

Oui.

ALY.

        Refuser l’amour, c’est accepter la haine !

ZORAÏDE.

C’est refuser le crime y en acceptant la peine !

ALY, avec rage.

Ce mépris, de mes feux vient d’étouffer l’ardeur !
Je ne suis plus enfin que votre accusateur.
Connaissez désormais quel est votre partage :
Sachez que rien ne peut vous soustraire à ma rage ;