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Il n’aura pas fallu qu’une seule victime ;
Ils n’auront pas donné qu’une proie à la mort !

INÈS.

Ah ! calmez s’il se peut ce douloureux transport,
Madame…

ZORAÏDE, sans écouter Inès.

                  Dans la tombe ils l’auront fait descendre !

(Elle s’interrompt et reprend avec un accent plus ferme.)

Allons, j’aurai, je sens, la force de l’apprendre.
Oui ! d’un doute mortel quand on craint de sortir,
On ne vit pas, on est plus de temps à mourir.
Sors, vois ce qui se passe, interroge, examine ;
Un grand secret souvent par un mot se devine.
Sors, et si l’on te dit qu’il ne vit plus… Eh bien !
Ne cherche point, Inès, à me déguiser rien ;
Vainement ta pitié se trompant dans son zèle,
Penserait me cacher cette triste nouvelle ;
Je saurais tout… il est de ces secrets affreux,
Que rien ne peut cacher au cœur du malheureux !
Va…


Scène II.

ZORAÏDE, seule, sans s’apercevoir qu’Inès est sortie.

          Non, reste plutôt, mon âme anéantie

(Elle se retourne.)

Ne pourrait, je le sens… reste… Déjà sortie.
Ah ! je vais donc bientôt connaître tout mon sort !
Hélas ! Inès déjà sait peut-être sa mort.
Mais, que dis-je, insensée ! et qu’en apprendra-t-elle ?
Choisi pour confident le cercueil est fidèle,