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printemps elles repousseraient. Le lendemain, elle me pria de la mener sur la Fosse pour voir si les arbres avaient conservé leur beau feuillage. Ici, je le sens, il me faudrait une autre plume que la mienne pour peindre le désespoir d’Élisa.

Il avait fait de si violens ouragans pendant le temps que nous avions été forcées de garder la chambre, que deux des beaux arbres de la Fosse avaient été déracinés ; comme ils barraient le passage et que cela gênait la circulation, plusieurs ouvriers se hâtaient, les uns de débarrasser les troncs de leurs branches, et les autres de mettre ces branches en fagots. Cette vue affligea tellement Élisa qu’elle se jeta à moi en pleurant à chaudes larmes. Pauvre petite, c’est que déjà l’avenir se présentait à sa pensée ; non cet avenir qui fait voir tout en beau, mais cet avenir qui rend soucieux et qui fit craindre à Élisa que nous ne vinssions par la suite à nous trouver sans feu, persuadée qu’elle était qu’il ne resterait pas un seul arbre sur pied. Aussi la crainte que je n’eusse pas assez d’argent pour acheter une grande quantité de bois pour le temps où il n’y en aurait plus, la rendait si malheureuse que son cœur battait avec une violence extrême