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d’Élisa l’écoutait et sa raison le comprenait. Aussi me fut-il peu difficile de lui faire com

    m’aurait mise en prison, et tu serais morte de chagrin, et le bon Dieu se serait dit : « Voilà une petite fille qui a fait mourir sa maman, il faut la faire mourir à son tour, et il aurait eu raison le bon Dieu, il aurait bien fait, car j’aurais mieux aimé mourir que de vivre sans toi, ma petite maman mignonne ; aussi je suis bien contente que tu m’aies fouettée pour me corriger de ce vilain défaut-là ; comme c’est vilain une petite fille qui vole. J’eus toutes les peines du monde à la décider à manger le gâteau que je lui avais apporté, parce que, disait-elle, une petite fille qui fait ce que sa maman lui défend ne mérite pas de gâteaux. — Sans doute, lui dis-je, ma chère petite ; mais comme tu m’as promis que cela ne t’arriverait plus, tu peux le manger. Depuis ce temps, je pouvais la laisser seule en toute sécurité, elle aurait gelé plutôt que de s’approcher du feu : elle avait alors quatre ans et quelques mois.

le plus solidement que nous pouvions des châteaux de cartes pour Joséphine et Élisa qui n’osaient bouger dans la crainte d’abattre les édifices branlans que nous leur élevions. À notre grande surprise, il s’éleva tout à coup une forte contestation entre ces deux petites.
— As-tu vu mon image, Elisa ? — Non, Joséphine. — Mais je te l’ai prêtée, qu’en as-tu fait ? — Non, mamoiselle, vous ne me l’avez pas prêtée. — Maman, Élisa m’a perdu mon image. — Vas-tu pleurer pour une image ? lui dit sa mère. — Je veux mon image ; rends-moi mon image. — Ne pleure pas, ma petite, lui dis-je, nous allons la chercher, et si nous ne la trouvons pas, je t’en donnerai une bien plus belle. Nous primes la lumière, mais il n’y eut pas moyen de retrouver la malheureuse image. J’en donnai une autre, et la paix se rétablit. Au bout d’une demi-heure, Élisa me pria de lui chercher une puce qui la piquait, disait-elle, à la poitrine ; j’ouvris la robe et la chemise ; mais j’eus beau chercher, je ne trouvai point de puce, j’aperçus seulement un petit morceau de papier qui lui avait probablement causé de la démangeaison, je l’ôtai, c’était la petite image à Joséphine. — Tu as péché, dis-je à Élisa, tu as volé l’image ! tu vas être fouettée ! quoique je m’étais bien promis de ne jamais te battre ; mais je sens qu’il y a nécessité, car tu n’as pas seulement volé ; mais tu as